Pourquoi les sociétés se divisent

Publié le 07/10/2014 à 10:00

Pourquoi les sociétés se divisent

Publié le 07/10/2014 à 10:00

Photo: Shutterstock

Small is Beautiful!

Après eBay qui distribuera les actions de sa filiale de paiement PayPal, voilà que Hewlett-Packard a annoncé hier qu’elle se séparerait en deux sociétés, une comprenant ses activités dans le secteur des ordinateurs personnels et les imprimantes et l’autre dans les services aux entreprises.

Chacune aura un chiffre d’affaires annuel dans les 50 milliards de dollars (G$) US.

Jusqu’ici cette année, 17 entreprises ont complété un tel essaimage par rapport à neuf pour toute l’année 2013, selon S&P Capital IQ. C’est l’année la plus occupée à ce niveau depuis le sommet de 24 en 2008.

Évidemment, tous les conseils d’administration ont la même motivation lorsqu’ils décident d’une telle transaction. C’est d’enrichir leurs actionnaires. En fait, ils croient que les deux entreprises séparées enrichiront davantage les actionnaires que dans la même entité. Mais comment cela peut-il être possible?

Prenons l’exemple de HP. Les actionnaires se retrouveront avec des actions de deux sociétés plus petites. Cette petitesse relative signifie que la direction aura un meilleur focus au niveau des activités. Dans ce cas, c’est encore plus important car les entreprises ont des dynamiques commerciales très différentes. Les produits de la première s’adressent surtout aux individus et aux très petites sociétés. L’autre vise principalement les grandes entreprises et affronte les IBM de ce monde.

Un facteur crucial à mon avis, c’est que les dirigeants sont plus faciles à motiver, avec des plans de rémunération basés sur la performance du titre de la société qu’ils mènent.

Par exemple, chez HP, le président de la division des imprimantes pourrait être démotivé par le fait qu’il ne profite pas de sa bonne performance avec ses options de HP parce que la division des services aux entreprises a une mauvaise année qui fait planter le titre en Bourse…. De même, il peut trouver ridicule et déprimant certaines décisions du conseil visant à relancer les activités de l’autre entreprise.

En tant que dirigeant d’une société ouverte indépendante, toute son équipe sera récompensée à la mesure de ses réalisations. Et cela peut faire une grande différence à long terme.

Enfin, un autre facteur créateur de richesse est la meilleure évaluation d’une entité indépendante. Cela ne s’applique pas vraiment à HP, mais est crucial pour PayPal. Cette dernière, dont la croissance est très élevée et dont les perspectives sont très bonnes, pourrait très bien se transiger à 30 fois les profits une fois en Bourse alors que les investisseurs ne veulent pas payer plus de 20 fois pour eBay, qui a une plus faible croissance et des perspectives moins évidentes que PayPal.

Ceci dit, il ne faut pas croire que les essaimages sont des panacées. Il y a un bien un sursaut boursier positif lors de l’annonce, mais à long terme, c’est une autre histoire. Les recherches faites à ce sujet ne sont pas très concluantes, à mon avis. Il y a bien sûr de grands succès, mais il y a aussi des échecs retentissants.

En fait, c’est du cas par cas. Les exemples mentionnés sont pertinents à cet égard. En effet, HP a essayé de vendre ces deux entreprises pendant une bonne période, sans succès avant d’annoncer leur séparation. Peut-être que la direction a été trop gourmande quant au prix recherché, mais reste que cela en dit assez long sur leurs perspectives.

À l’opposé, je suis pas mal convaincu que si eBay avait tenté de vendre PayPal, les acheteurs potentiels auraient été nombreux et motivés à payer le prix….

Bernard Mooney

 

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