Pourquoi il est plus difficile de s'enrichir au Canada

Offert par Les Affaires


Édition du 11 Avril 2015

Pourquoi il est plus difficile de s'enrichir au Canada

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Édition du 11 Avril 2015

Des frais plus élevés

Ce n'est pas tout. Au Canada, lorsque vous êtes détenteur de fonds communs, vous payez des frais de gestion plus élevés qu'aux États-Unis et qu'un peu partout dans le monde. En effet, selon une étude dirigée par Peter Tufano, de l'Université Harvard, les ratios des dépenses de gestion au Canada sont parmi les plus élevés. Pour l'investisseur qui gère activement son portefeuille, les principaux coûts sont les frais de commissions, qui ont baissé de façon substantielle depuis 30 ans. Par exemple, une transaction faite par l'intermédiaire d'un courtier escompteur coûte 10$ de nos jours, alors qu'à mes débuts dans le domaine, au milieu des années 1980, une transaction comparable aurait coûté au moins 150$.

C'est un gain appréciable pour l'investisseur, mais seulement s'il négocie avec modération. Si vous faites 100 transactions par mois, même si elles ne coûtent que 10$ chacune, vous dépensez tout de même 12 000$ par année.

De plus, un autre coût important est celui lié à la liquidité. L'écart entre le cours-acheteur et le cours-vendeur représente des frais qui peuvent s'avérer élevés à long terme, mais dont on tient rarement compte. Par exemple, je regarde la cote d'une société canadienne qu'on peut acheter à 12,09 $ et vendre à 12,05 $.

Si j'achète 1 000 actions à 12,09$, payant 10$ de commission, je dois être conscient que la revente de ces actions ne pourra se faire qu'à 12,05$, à une perte de 40 $. Il y a donc des frais totaux potentiels de 50$ pour cette transaction, soit environ 0,4 %.

Si vous êtes un investisseur à long terme, cela n'est pas si excessif (par exemple, détenues pendant 10 ans, ces actions vous coûteront seulement 5 $ par an). Mais si vous achetez et vendez plusieurs fois par année, c'est un élément à considérer.

Plus votre portefeuille est important, plus vous investissez dans des titres à petite capitalisation, et plus ce coût est significatif. En passant, la société mentionnée dans mon exemple a une valeur boursière qui s'approche du milliard de dollars ; elle n'est donc pas si petite.

Une population allergique à la richesse

L'investisseur canadien est aussi relativement désavantagé, car le nombre et la diversité de sociétés disponibles sur son marché, la Bourse de Toronto, sont nettement inférieurs à ce qu'on retrouve aux États-Unis.

Les épargnants canadiens doivent aller sur d'autres marchés pour se bâtir un portefeuille solide et diversifié, ce qui occasionne une difficulté supplémentaire.

Enfin, la culture ambiante rend l'enrichissement difficile ici. Je parle d'une part de cette allergie canadienne et encore plus québécoise à l'égard de la richesse. Cette dernière est perçue un peu comme une maladie ou pire, comme un vice. C'est triste et désolant.

De plus, les marchés financiers et le placement sont encore relativement méconnus, et la cible de tant de préjugés...

On a fait des progrès sur ce dernier aspect depuis 30 ans, mais il reste beaucoup à faire.

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