Munger: Ben Graham n'était pas un bon investisseur!

Publié le 16/09/2014 à 09:04

Munger: Ben Graham n'était pas un bon investisseur!

Publié le 16/09/2014 à 09:04

Charlie Munger, à gauche, se montre plutôt critique envers le modèle de Warren Buffett, Ben Graham.

À chaque fois que Charlie Munger parle, j’écoute attentivement, car je sais que je vais apprendre. Je sais aussi que je vais être diverti, amusé et probablement surpris.

La semaine dernière, il a parlé au chroniqueur Jason Zweig, du Wall Street Journal, et il ne m’a pas déçu.

Le partenaire de toujours de Warren Buffett et vice-président du conseil de Berkshire Hathaway, a surtout parlé des facteurs qui ont fait le succès exceptionnel de leur société. C’est fascinant en soit, mais ce qui a surtout retenu mon attention, ce sont ses observations sur Benjamin Graham, le mentor de M. Buffett et le père de l’analyse fondamentale.

«Je ne suis pas en amour avec Ben Graham et ses idées comme Warren l’est, a-t-il mentionné. Vous devez comprendre que les enseignements de M. Graham ont changé la vie d’investisseur de Warren.»

Et d’ajouter M. Munger: «je dois dire qu’en tant qu’investisseur, Benjamin Graham avait beaucoup à apprendre».

Charles Munger explique que les idées de M. Graham, par exemple, sur l’évaluation des entreprises, ont été façonnées par le crash de 1929 et la grande dépression qui a suivi, événements qui l’ont presque détruit. «Il était toujours un peu craintif par rapport à ce que les marchés pouvaient faire.»

Ce qui l’a laissé avec une peur pour le reste de sa vie, qui a joué un rôle majeur dans son approche de placement.

«Je pense que Ben Graham était loin d’être un aussi bon investisseur que Warren ou même moi. Acheter ces titres déprimés sans potentiel de croissance se vendant à une fraction de leur valeur si on les liquidait, était une illusion, un piège. Vous ne pourriez jamais faire cela avec des milliards sous gestion, voire plusieurs millions.»

Ne pas laisser la peur vous dominer

Par contre, M. Munger reconnaît que Ben Graham était un très bon écrivain, un très bon professeur et un homme brillant, un des seuls, probablement le seul intellectuel dans le monde du placement à son époque.

Si vous estimez que Charles Munger est sévère envers M. Graham, vous avez peut-être raison. Par contre, il y a beaucoup de sagesse dans ce qu’il dit. En effet, vivre un crash a des conséquences sur une personne. Or, il est important pour elle d’en être conscient  pour ne pas laisser la peur et ses ramifications s’infiltrer dans toutes ses décisions.

Baser son approche sur la crainte des marchés est irrationnel, car le placement intelligent repose plutôt sur l’achat de sociétés individuelles. Le marché n’est qu’un intermédiaire, une plate-forme facilitant les transactions. Rien d’autre. Il ne doit jamais dicter nos décisions et encore moins, notre façon d’investir.

C’est cette vérité simple, mais puissante que nous rappelle M. Munger.

Bernard Mooney

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.