Mooney: Microsoft égale à elle-même

Publié le 04/09/2013 à 09:33, mis à jour le 04/09/2013 à 11:17

Mooney: Microsoft égale à elle-même

Publié le 04/09/2013 à 09:33, mis à jour le 04/09/2013 à 11:17

[Photo : Bloomberg]

BLOGUE. Peu importe les angles et les façons d’étudier la plus récente transaction de Microsoft, on arrive au même qualificatif : pathétique!

Microsoft a annoncé mardi qu’elle achèterait les activités de téléphonie sans fil de Nokia pour sept milliards de dollars (G$) US. Pour une société qui vaut plus de 260 G$US, on s’entend qu’il ne s’agit pas d’une très grosse transaction. Mais elle en dit long sur son ADN et sa culture.

La société mentionne que cela lui permettra de devenir un fournisseur dominant dans le cellulaire. On peut en douter quand on sait que malgré des efforts importants, notamment avec Nokia, Microsoft a encore seulement 4% du marché, contre un total de 90% pour les logiciels de Google et Apple.

Fondamentalement, lorsqu’un investisseur achète des actions de Microsoft, il achète une participation dans un concepteur de logiciels. Or, en achetant Nokia, la société envoie le message qu’elle veut se lancer dans la fabrication de téléphones cellulaires. Dans un appel conférence avec des analystes financiers, Steve Ballmer, président de Microsoft, l’a confirmé en mentionnant que Microsoft devait devenir un fabricant d’équipements, pour se réaliser.

C’est loin de son domaine central d’expertise.

Or, quand on sait que Microsoft est envahie dans ses activités centrales, se lancer dans les bidules cellulaires en achetant une société en net recul (formule trop polie quand on sait que la part de marché de Nokia est négligeable alors qu’elle dominait avant l’arrivée du iPhone) est loin d’être impressionnant.

Microsoft vise une part de marché de 15% d’ici 2018 dans le téléphone intelligent et des ventes de 50 millions de téléphones durant son exercice 2015 (dans un an seulement). Peu d’investisseurs prennent ces objectifs au sérieux.

Le téléphone intelligent est un autre secteur que Microsoft a manqué, comme la recherche Internet, comme les médias sociaux, etc. Et à chaque fois la société tente de combler son retard de la même façon. Après avoir essayé, vainement, avec ses propres moyens aussi gros que maladroits, elle fait une entente avec un autre perdant du secteur.

Par exemple, dans la recherche Internet, incapable de rejoindre Google, Microsoft a fait une entente avec Yahoo!, fusionnant son engin de recherche à celui de Yahoo!. Ce qui a mené à la création de Bing, avec lequel Microsoft devait chauffer les fesses à Google.

Bing a bien pris quelques pourcents du marché, mais l’engin de recherche de Google demeure, de loin, le leader.

La morale c’est que ce n’est pas en fusionnant deux perdants qu’on créera un gagnant. C’est pas vrai dans le monde des affaires en général et encore moins dans le secteur de la technologie.

Si la direction de Microsoft fait ce genre de transactions, c’est en raison de son incapacité de vraiment innover, malgré les 10G$US qu’elle investit à chaque année en recherche et développement. C’est ce problème inquiétant que devrait attaquer la société et surtout son conseil d’administration.

En fait, le géant se cherche désespérément, s’étant perdue en courant après des leaders comme Google et Apple.

Le conseil se lance à la recherche d’un nouveau président alors que M. Ballmer a annoncé récemment son départ. Le choix est crucial, beaucoup plus important que la transaction annoncée mardi.

Bernard Mooney

P.S. Si Microsoft n’a aucune chance dans le téléphone intelligent même en mettant la main sur Nokia, imaginez maintenant le sort qui attend Research in Motion!

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.