Mooney: Le pouvoir des acquisitions

Publié le 29/05/2013 à 10:22, mis à jour le 29/05/2013 à 10:50

Mooney: Le pouvoir des acquisitions

Publié le 29/05/2013 à 10:22, mis à jour le 29/05/2013 à 10:50

L'action de Valeant a bondi dans la foulée de l'annonce de l'acquisition de Bausch & Lomb

BLOGUE. Les acquisitions sont risquées, mais elles peuvent créer de la richesse.

Un lecteur m’a demandé lundi pourquoi le titre d’une société s’appréciait lorsqu’elle annonce une acquisition.

«Quand tu achètes, est-ce que ça veut dire que tu vaux plus cher», se demande-t-il.

C’est une bonne question et il faisait référence plus précisément au titre de Valeant qui a pris pratiquement 15$ en deux jours en raison de l’annonce de l’acquisition de Bausch & Lomb. Il aurait pu tout autant parler de MTY Foods qui s’est apprécié de 2$ hier à la suite de l’annonce de sa première acquisition aux États-Unis.

Ces deux exemples sont un peu trompeurs. Car dans bien des cas, la réaction première des investisseurs face à une acquisition est négative. Souvent en raison de la dilution provoquée par un achat important, le titre subira une pression à la baisse. Même si l’acquisition est sensée à long terme.

Dans le cas spécifique de Valeant, les investisseurs ont apprécié le fait que la direction couperait les coûts de la société acquise de 800M$ US d’ici la fin de 2014. De plus, elle a mentionné que la transaction serait pratiquement immédiatement «accretive», c'est-à-dire qu'elle ajouterait aux bénéfices par action après les coûts de financement, la dilution, etc.

Et comme les dirigeants de Valeant ont démontré leur capacité de réaliser leurs prévisions et davantage, le marché boursier a immédiatement donné une valeur à ces bénéfices.

Il faut comprendre que Valeant évolue dans le secteur pharmaceutique avec un modèle original et perturbateur. Ainsi, sa structure de coûts ressemble à celle d’une entreprise active dans les produits de consommation, avec des coûts administratifs et de marketing dans les 20% (elle dépense ainsi 20% de ses revenus à cet item). Cela se compare à 40% chez bien des sociétés pharmaceutiques et c’était également le cas chez Bausch.

Pour une société avec des revenus de trois milliards de dollars, on parle d’une économie possible de 600M$, sur une base annuelle.

De plus, Valeant investit moins en R&D.

Enfin, la société a une structure corporative lui permettant de profiter d’un taux d’imposition de moins de 10%, contre 25% à 35% pour la plupart des sociétés pharmaceutiques.

Pour toutes ces raisons, les économies de 800M$ sont très crédibles. C’est pour cela que les investisseurs ont répondu de façon enthousiaste.

Dans le cas de MTY, elle ajoute un important segment de croissance, soit le marché américain en faisant l’acquisition des bannières Extreme Pita, PurBlendz and Mucho Burrito pour 45 M$. Comme la société montréalaise avait pratiquement ce montant en encaisse

elle convertit de l’argent qui ne rapportait pratiquement rien en plus de 300 restaurants avec des revenus de plus de 100M$.

Facile de voir l’attrait et de comprendre la réaction des investisseurs.

Cela démontre que lorsque les acquisitions sont faites de façon intelligente et rationnelle, elles peuvent créer beaucoup de richesse.

Bernard Mooney

 

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