Blogue. Il y a comme une vision folklorique du pétrole qui le présente comme une ressource qui est sur le point de s’épuiser. C’est sur cette perception que s’appuie une grand partie de la spéculation sur le pétrole.
Et l’ironie c’est que cette spéculation gonfle le prix du pétrole et enrichit les pétrolières.
Le président de ExxonMobil Rex Tillerson a avoué devant le Sénat américain la semaine dernière qu’une partie du prix du pétrole s’expliquait par les spéculateurs. «Uniquement sur la base de l’offre et de la demande, le prix du pétrole serait dans les 60 à 70$US le baril», a précisé le dirigeant.
Pourquoi le pétrole est-il à environ 100$US ? D’une part, parce que les pétrolières utilisent les marchés à terme pour geler les prix plus élevés et d’autre part, en raison des transactions spéculatives des «hedge funds», selon M. Tillerson.
Ce n’est pas nouveau. Les dirigeants des pétrolières avaient pointé du doigt les spéculateurs en 2008 lorsque le prix du pétrole s’était enflammé.
Ce qui m’a frappé dans le témoignage du président d’Exxon c’est lorsqu’il dit qu’il en coûte 11$US pour produire un baril de pétrole. Si c’est le cas, il a vraiment raison en disant qu’un prix de 60-70$US serait normal, soit six fois son coût.
La création des fonds de matières premières et des fonds négociés en Bourse sur les ressources a créé une nouvelle demande pour ces produits, demande qui ne repose pas sur la consommation. Ainsi, dans le cas du pétrole, entre 1995 et 1999, les spéculateurs représentaient au maximum 10% du marché ; l’année dernière, ils étaient 70% du marché !
Ce qui signifie qu’en tant qu’acheteurs de produits pétroliers, on paie plus cher en raison de cette spéculation, un genre de taxe à la spéculation. Il y a quelque chose dans cela qui me semble au moins bizarre...
Qu’en pensez-vous ?
Bernard Mooney
