Mooney: La croissance de 15%, réaliste?

Publié le 12/12/2012 à 09:19, mis à jour le 12/12/2012 à 10:13

Mooney: La croissance de 15%, réaliste?

Publié le 12/12/2012 à 09:19, mis à jour le 12/12/2012 à 10:13

Photo:Bloomberg

BLOGUE. Un lecteur m’a récemment posé une importante question concernant mon approche de placement. La voici :

«Vous mentionnez souvent que vous recherchez des entreprises qui ont une croissance des ventes à long terme de plus de 15%. À part Apple, qui est dans un secteur que j'évite, je ne connais pas d'entreprise (outre de jeunes entreprises) qui réussissent à maintenir un tel rythme. Même celles qui achètent la croissance en multipliant les acquisitions (que j'évite aussi). Ma plus grosse position est dans Aflac, un assureur dont le chiffre d'affaires provient du Japon à 80%. Cette société, avec des ventes de 6 milliards par trimestre, a réussi à faire croitre ses ventes de 25% dans les 2 dernières années dans un contexte très difficile.

Pour moi, c'est un exploit. Mais elle ne réussit tout de même pas à maintenir une moyenne de 15% dans le temps!

J'aurais aimé que vous me donniez quelques titres qui répondent à ce critère depuis quelques années.»

Mon premier livre, Investir en Bourse et s’enrichir, a été publié en 2001. Il a été écrit principalement entre 2000 et 2001. Et ça paraît à certains égards.

Les exemples commencent à prendre du vieux, mais dans l’ensemble, il n’y a pas grand chose que je changerais quant aux principes décrits si j’avais à le mettre à jour...sauf une...

Dans mon livre, je mentionne qu’un de mes critères de sélection est d’avoir d’une croissance des revenus et des bénéfices d’au moins 15% (page 70). Puis en page 193, dans ma liste de contrôle globale résumant mes critères, je mentionne une croissance supérieure à 20%. Ce dernier chiffre est une erreur car il devrait être 15%.

Dans mon plus récent livre, Maîtriser les démons de la Bourse, j’ai corrigé le tir lorsqu’en résumant ma liste de critères, je mentionne une croissance des ventes et des bénéfices supérieure à 15% (page 110).

En conférence depuis quelques années, je mentionne toujours que je cherche des sociétés qui ont démontré dans le passé une croissance de 15%. Je tiens donc à ce critère.

Par contre, je vais vous faire une confidence : de nombreux titres dans mon portefeuille sont loin d’avoir ce rythme de croissance en raison de leur taille. Par exemple, mon plus important titre est Berkshire Hathaway. Croire qu’une entreprise de cette taille peut accroître ses revenus de 15% par année c’est rêver en couleurs !

Pourquoi donc l’avoir acheté ? Parce que même s’il ne répond pas à ce critère c’est, à mon avis, un excellent placement. Son rendement futur en tenant compte des risques assumés sera excellent.

De plus, je crois depuis deux ans que le secteur financier américain est déprimé et recèle d’excellentes occasions. Encore là, acheter du Wells Fargo en s’attendant à une croissance des revenus de 15% c’est s’illusionner. Par contre, le titre demeure tout de même très intéressant pour un investisseur à long terme.

Même Apple, que le lecteur mentionne, aura toutes les misères du monde à maintenir ce 15% à long terme en raison de sa taille. Pourtant, le titre peut être un bon achat malgré cela.

En tant qu’investisseur, il faut être à l’affût des occasions, ce qui veut dire de tenter d’identifier les titres qui peuvent procurer un rendement supérieur avec un risque inférieur.

En fait, le critère du 15% s’applique surtout aux petites et moyennes sociétés. Il s’agit d’un critère pour mesurer leur qualité et s’assurer qu’on ne perde pas notre temps avec un petit titre qui ne va nulle part. Et il faut tenir compte du contexte économique dans le sens que la croissance est rarement linéaire, les entreprises, même de grande qualité, ayant des années moins bonnes.

Par exemple, Dollarama a accru ses revenus de 14,4% à son plus récent trimestre et, à mon avis, c’est exceptionnel dans l’environnement économique actuel. Les bénéfices eux ont bondi de 28%.

Cela demeure un critère ambitieux et très difficile à maintenir sur un grand nombre d’années.

Et si j’avais à réécrire mon premier livre, probablement que j’y ajouterais plusieurs nuances. Reste que la plupart du temps, plus la société est petite, plus vous devriez être exigeant en termes de croissance.

Bernard Mooney

 

 

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