Mooney: Apple, IBM et l'importance du modèle d'affaires

Publié le 06/11/2013 à 13:37

Mooney: Apple, IBM et l'importance du modèle d'affaires

Publié le 06/11/2013 à 13:37

BLOGUE. La semaine dernière à la suite de mon texte sur Apple, des lecteurs ont comparé cette société à IBM. Leur discussion m’a confirmé que de nombreux investisseurs ne passent pas assez de temps à comprendre les différents modèles d’affaires.

Il est certes important d’étudier les perspectives d’une entreprise, sa performance historique, sa situation financière, ses dirigeants et son évaluation. Sauf que si vous ne comprenez pas bien exactement comment elle s’y prend pour faire son argent, vous perdez votre temps.

Vous devriez d’une part maîtriser les modèles d’affaires les plus répandus et leurs différences. Par exemple, essayez de visualiser et comprendre comment un fabricant, un détaillant et un distributeur font leurs bénéfices, les différences fondamentales dans leur rentabilité, leurs différents besoins en immobilisations, etc.

De cette façon, lorsque vous étudierez le titre d’un distributeur, vous saurez qu’il est habituel que ses marges bénéficiaires soient relativement faibles. Par contre, s’il est efficace, sa rentabilité peut être élevée et il peut générer beaucoup d’argent après ses investissements en immobilisations.

De plus, les modèles d’affaires varient énormément d’une industrie à une autre et à l’intérieur d’une même industrie. Par exemple, il y a tout un monde de différences entre un concepteur de logiciels et un fabricant de souliers.

Et si vous comparez IBM à Apple, vous constaterez aussi de grandes différences dans leurs modèles d’affaires. Apple est d’abord et avant tout un concepteur d’ordinateurs et d’appareils comme les téléphones et les tablettes.

IBM est un fournisseur de services aux entreprises, services qui comprennent les logiciels, l’intégration des systèmes informatiques, leur entretien, leur mise à niveau.

Une fois que vous comprenez bien le modèle d’affaires d’une entreprise, vous pouvez plus facilement identifier ses avantages compétitifs, s’il y a lieu. Par exemple, une fois qu’une entreprise a confié son système d’information à IBM, elle hésitera beaucoup avant de changer de fournisseurs. Dans le cas d’Apple, même si ses clients sont beaucoup plus fidèles que d’autres sociétés similaires, ils peuvent très facilement changer.

De plus, le risque de désuétude technologique est très inférieur chez IBM que chez Apple (mais il n’est pas inexistant).

Il y a des sociétés qui sont associées à des secteurs, mais dont les attributs sont fort différents. Je pense entre autres aux réseaux de cartes de crédit comme Visa et Mastercard qui sont souvent confondus avec les grandes banques parce que ce sont des sociétés financières. Pas moins qu’un journaliste du Wall Street Journal avait mentionné que les investisseurs scruteraient la qualité du crédit de Mastercard à la publication de ses résultats financiers.

C’est bouche bée que j’avais lu ces mots, sachant très bien que ces sociétés n’encourent aucun risque de crédit. Ce qui en fait des entreprises au modèle bien différent d’une banque.

Enfin, il faut être sur ses gardes lorsqu’une société entreprend de croître en modifiant son modèle d’affaires de façon importante. Car elle devient ainsi une valeur inconnue.

Je pense par exemple à un fabricant de meubles qui devient détaillant. Il ne faudra pas long avant que les détaillants de meubles, qui étaient ses clients, le voient comme un méchant compétiteur et le mettent à la porte.

Bernard Mooney

 

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