L'événement de l'année: la chute du pétrole

Publié le 10/12/2014 à 09:55

L'événement de l'année: la chute du pétrole

Publié le 10/12/2014 à 09:55

[Photo : Bloomberg]

Il était à 105$ US le baril en juin et à 148$US au sommet de 2008. Et au moment d’écrire ces lignes, le pétrole se retrouve à 63,56$US.

Toute une descente, voire une plongée, ce qui en fait selon moi l’événement de l’année 2014 (eh oui, nous en sommes là, à quelques jours de Noël!). Et c’est le fait marquant de l’année, pas seulement pour les nombreux impacts financiers et économiques d’une baisse aussi marquante d’une denrée aussi importante.

C’est marquant aussi parce que c’est totalement imprévu. Qui a prédit, en janvier dernier, que les prix pétroliers fonderaient d’environ 40% cette année, sans même qu’il y ait récession. Car si le pétrole a connu une baisse encore plus prononcée en 2008-09, celle-ci était facilement explicable par la récession mondiale et la crise financière.

Cinq ans plus tard, il faut chercher ailleurs les explications. Et c’est ce qui ajoute à la portée de cet événement. En effet, la déroute pétrolière fait mentir, encore une fois, tous ces prêcheurs de fin du monde par la rareté, voire la disparition des ressources.

En décembre 2010, l’économiste Paul Krugman a écrit ce qui suit dans sa chronique régulière publiée dans le New York Times: «Les marchés des matières premières nous disent que nous vivons dans un monde fini dans lequel la croissance rapide des économies émergentes exerce des pressions sur l’offre finie de matières premières, poussant les prix en hausse. Et les États-Unis ne sont, en grande partie que des spectateurs dans cette histoire. »

On peut difficilement avoir plus tort, ce qui n’a jamais dérangé M. Krugman de continuer à prédire…

Loin d’être des spectateurs, c’est en grande partie l’innovation et l’entrepreneurship américains qui expliquent la transformation de l’industrie pétrolière mondiale. En effet, selon l’International Energy Agency (IEA), la production de pétrole des États-Unis devrait surpasser celle de l’Arabie saoudite et celle de la Russie l’an prochain. Cela ferait des Américains les plus importants producteurs de pétrole au monde.

Les prix élevés du pétrole d’avant la crise ont stimulé l’exploration et l’application de nouvelles technnologies. En particulier, le forage horizontal et la fracturation hydraulique ont permis de mettre au jour des réserves de gaz et de pétrole gigantesques qui changent la donne fondamentale de l’offre.

Avec en plus un ralentissement dans la croissance de la demande pétrolière depuis quelques années, vous avez un contexte fragile pour les prix. L’OPEP a probablement perdu pour longtemps le pouvoir de fixer des prix élevés pour le pétrole.

Plus que tout, l’effondrement des prix pétroliers, une grande nouvelle pour l’ensemble des pays industrialisés, est un rappel que l’ingénuité, le travail et l’ambition des entrepreneurs sont nos plus grandes sources de richesses. Ce sont eux qu’il faut préserver plus que tout.

Bernard Mooney

 

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