Les trois défis de la Bourse en 2014


Édition du 14 Décembre 2013

Les trois défis de la Bourse en 2014


Édition du 14 Décembre 2013

Après une si bonne année, il sera difficile de faire mieux en 2014. C'est ce qui pousse tant d'experts et de stratèges à prévoir et à prédire au moins une correction. Pourtant, même si la Bourse affrontera des défis significatifs, les perspectives demeurent favorables pour la prochaine année.

Au moment d'écrire ces lignes, l'indice américain S&P 500 affichait une appréciation de 26 % en 2013, ce qui nous permet de parler d'une année exceptionnelle. La récolte est plus modeste au Canada avec une hausse de 7,4 %, mais c'est tout de même un bon rendement, supérieur aux attentes de la plupart des épargnants.

L'année a été si bonne que bien des gens font des comparaisons avec les sommets de 2000 et de 2007. C'est à mon avis tout à fait ridicule. Ces sommets sont survenus après plusieurs années de marchés haussiers et alors que l'économie tournait à plein régime. Les attentes étaient élevées, et les excès l'étaient aussi.

C'est encore loin d'être le cas en ce moment. L'économie évolue sous son potentiel, et les excès du cycle précédent ne sont pas encore tout à fait liquidés. En d'autres termes, la crise financière a été l'occasion d'un grand nettoyage et d'un redémarrage à zéro.

1. La hausse des taux d'intérêt

Pour la Bourse, cela signifie que le cycle ne fait que commencer, ou presque. Toutefois, cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de ratés, ni de corrections. Quand on connaît le marché boursier, on sait que tout peut arriver à court terme.

Entre autres, l'investisseur se trouvera probablement dans les prochains mois face au défi d'une banque centrale américaine dont la politique monétaire sera moins accommodante. Les marchés réagiront en augmentant un peu les taux d'intérêt, ce qui, en principe, n'est pas une bonne nouvelle pour les actions.

Toutefois, comme l'économie ne croît pas à un rythme rapide, la Réserve fédérale des États-Unis devrait seulement réduire ses mesures exceptionnelles, tout en poursuivant une politique de bas taux.

Il ne faut pas oublier non plus que les marchés ont commencé à anticiper ce moment, ce qui devrait amoindrir le choc, s'il y en a un.

2. La croissance des bénéfices

L'autre défi est tout aussi fondamental. Une grande partie de la performance de 2013 s'explique par le fait que les investisseurs acceptent de payer plus pour chaque dollar de profit. Autrement dit, les indices ont progressé beaucoup plus rapidement que les bénéfices des sociétés. Sans être dangereux, ce phénomène montre ses limites.

Deux autres raisons probables : les actions ont peu de concurrents parmi les autres catégories d'actif, et les investisseurs prévoient une augmentation de la croissance des bénéfices en 2014 et en 2015.

Après une progression prévue de 5 % des bénéfices de l'indice S&P 500 cette année à 108 $ US, les analystes prévoient un bond de 11 % l'an prochain à 122 $ US, et de près de 12 % en 2015.

Si ces prévisions se concrétisent, cela signifie que celui qui achète le S&P 500 à 1 800 paie 13,4 fois les profits de 2015, ce qui est très intéressant dans un contexte où les titres à revenu fixe, comme les obligations gouvernementales de 10 ans, offrent des rendements de moins de 3 %. À lui seul, le dividende du S&P 500 procure un rendement de 2 %. Ceci, même si les entreprises ne versent que 35 % de leurs bénéfices en dividende.

Si on fait l'hypothèse que le climat continuera de s'améliorer en poussant l'indice à 20 fois les profits, le S&P 500 se retrouverait à plus de 2 600 en 2015, soit une appréciation de près de 45 % en moins de deux ans.

Par contre, pour que cela se réalise, il faut que les sociétés soient à la hauteur et par conséquent, que la croissance économique soit au rendez-vous. En fait, avec l'Europe qui reprend du poil de la bête et l'économie américaine qui poursuit sa croissance lente, on pourrait se retrouver avec l'économie mondiale la plus saine depuis les années qui ont précédé la crise de 2008.

Les investisseurs achètent ces meilleures perspectives économiques.

3. L'excès de confiance

L'événement marquant de cette année est probablement le retour de la confiance chez les investisseurs et les épargnants. Cela se voit dans la baisse significative de la volatilité boursière et par les entrées d'argent dans les marchés (voir graphique à la Une d'Investir).

C'est un facteur positif, car l'économie a besoin d'un consommateur plus optimiste et plus confiant dans l'avenir.

Cependant, comme bien d'autres facteurs dans la vie, trop de confiance peut devenir un problème.

En effet, cela peut devenir un excès d'enthousiasme pour ensuite se transformer en exubérance. Et mener à des excès partout dans les marchés financiers et l'économie. L'optimisme est favorable aux actions, mais pas l'euphorie. Le défi est de maintenir le premier sans tomber dans le deuxième.

Que ce soit en 2000, 2007 et au cours de la très grande majorité des cycles boursiers dans l'Histoire, les sommets ont ce point en commun : les investisseurs font preuve d'une grande exubérance.

Nous sommes encore loin de là, mais ce sera à surveiller de près en 2014.

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Une grande partie du rendement de la Bourse canadienne en 2014 dépendra de la performance du complexe des ressources naturelles (or, métaux et pétrole). Il faudra donc surveiller de près si la croissance en Europe et en Amérique du Nord sera suffisante pour fouetter la demande en matière première, dans un contexte où la situation en Chine demeure incertaine.

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