Les rachats d'actions ont le dos large

Publié le 06/10/2014 à 08:43

Les rachats d'actions ont le dos large

Publié le 06/10/2014 à 08:43

[Photo : Shutterstock]

Il y a quelque chose dans les rachats d’actions qui dérange car cette utilisation de l’encaisse a bien mauvaise presse. Et je me demande bien pourquoi!

En principe, l’idée de racheter de ses actions devrait faire partie de toutes les discussions des conseils d’administration quand vient le temps de décider de ce qu’on fait avec les profits. La direction peut décider de réinvestir dans ses activités, de verser des dividendes, de diminuer son endettement, de faire des acquisitions ou de racheter de ses actions. Ou elle peut répartir son capital entre toutes ses options, selon les opportunités.

À mon avis, il est donc difficile de voir les rachats d’un mauvais œil. Je sais que plusieurs diront que les directions ont un grand talent pour racheter lorsque tout va bien, près des sommets, donc de payer cher. Et c’est vrai. Par contre, je pourrais facilement rétorquer que bien des dirigeants sont également doués pour faire des acquisitions stupides, certaines pouvant même mettre en péril la survie de leur entreprise.

J’ai aussi vu des sociétés s’endetter de façon dangereuse pour verser un dividende très généreux.

Aucune décision de répartition du capital est exempte de risque. Alors, pourquoi voir les rachats de façon négative? Par exemple, un article publié il y a quelques semaines dans le Wall Street Journal, on mentionnait que les rachats étaient derrière la hausse des marchés boursiers cette année. Autrement dit, si la Bourse s’apprécie, c’était parce que les sociétés rachètent de leurs actions.

Selon Birinyi Associates, les sociétés américaines ont racheté pour 338 milliards de dollars (G$) US de leurs actions durant le premier semestre de 2014. C’est le montant le plus élevé pour n’importe quelle période de six mois depuis 2007.

Ce n’est guère surprenant lorsqu’on sait que les entreprises sont en très bonne santé financière, après cinq années de croissance.

Encore là, parler de 338G$US de rachats peut paraître énorme, mais c’est juste un peu plus de 1% de la valeur boursière du marché américain.

C’est un facteur, mais de là à expliquer la hausse boursière, ouf, c’est charrier.

Un autre exemple de mauvaise presse plus pathétique est cet article sur une étude publiée dans le Harvard Business Review qui conclut que la «grande disparité» dans la richesse dans notre société s’explique par le fait que les entreprises utilisent leur encaisse pour racheter de leurs actions au lieu d’investir dans leurs activités.

De plus, l’auteur de l’étude, William Lazonick, ne manque pas de cibler les dirigeants, ces méchants qui profitent des rachats parce que ces derniers contribuent à gonfler la valeur de leurs stock-options.

Doit-on en rire ou en pleurer? Je ne sais pas. Je sais toutefois que le fait qu’on prenne assez au sérieux une étude (?) aussi ridicule pour en faire la promotion dans plusieurs médias supposément sérieux, en dit long sur notre monde.

Pourquoi ne pas pointer du doigt les rachats pour le prochain ouragan, quant à y être…

La réalité c’est que les entreprises réinvestissent de plus en plus et ont recommencé à embaucher davantage parce que les perspectives s’améliorent et la demande augmente.

Enfin, et plus important encore, il ne faut pas oublier que la façon dont elles décident d’utiliser leurs bénéfices (après avoir payé des impôts élevés) regarde seulement les actionnaires, et personne d’autre.

Bernard Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.