Les banques centrales ne sont pas omnipotentes


Édition du 28 Février 2015

Les banques centrales ne sont pas omnipotentes


Édition du 28 Février 2015

Depuis la crise de 2008-2009, les banques centrales du monde industrialisé jouent un rôle crucial. Leurs interventions robustes et massives, en particulier celles de la Réserve fédérale américaine (Fed), ont permis d'éviter l'écroulement du système économique, entre autres en redonnant confiance aux principaux intervenants économiques.

Par la suite, elles ont maintenu des politiques monétaires très accommodantes, permettant la reprise et la croissance économiques. À la base de ces politiques, il y a évidemment des taux d'intérêt directeurs historiquement très bas.

Ensuite, parmi leurs armes interventionnistes, les banques centrales ont choisi d'acheter des obligations, là encore pour exercer une pression à la baisse sur les taux à plus long terme.

La Banque centrale européenne vient de se lancer dans cette stratégie, imitant la Fed.

Jusqu'à maintenant, on ne peut pas dire que ces interventions soient des échecs. Mais du même souffle, on ne peut pas dire qu'elles ont été de grandes réussites.

Nous ne sommes pas en récession, certes, mais la croissance économique est loin d'être très forte, en particulier en Europe. En fait, elle est décevante partout, même aux États-Unis où l'économie se porte mieux.

Se poser des questions

Je me demande si on ne devrait pas commencer à se poser quelques questions concernant le rôle et la portée des banques centrales. D'abord, on devrait amorcer une réflexion sur les coûts et les impacts nocifs de ces politiques. En théorie, des taux très bas doivent favoriser les investissements et le développement économique.

Par contre, pour tous les investisseurs dont les revenus dépendent de titres comme les certificats de placement garanti, cette politique est nocive. En fait, pour le simple épargnant (à l'opposé d'une personne comme moi capable de réaliser des rendements financiers satisfaisants dans le contexte actuel à l'extérieur des titres à revenus fixes) les taux déprimés sont une catastrophe. Je ressens d'ailleurs un malaise en pensant que ces mêmes taux déprimés sont pratiquement une panacée pour tous ceux qui sont accros à la dette.

De plus, il ne faut pas se leurrer en se faisant croire que le coût du capital approche zéro, juste parce que les banques centrales interviennent. C'est une illusion dangereuse. Cela crée des distorsions importantes dans l'économie, favorisant l'industrie financière, dans son sens le plus large, au détriment de l'économie réelle.

Enfin, il faudrait se demander si on n'est pas devenu trop dépendant de la médication des banques centrales. En temps de crise et de récession grave, il est opportun d'utiliser massivement les leviers de la politique monétaire pour relancer l'économie. Mais cela devrait être vu comme un remède temporaire.

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