Le retour des dépenses en capital

Publié le 22/01/2014 à 14:37

Le retour des dépenses en capital

Publié le 22/01/2014 à 14:37

Des dirigeants d'importantes entreprises américaines lors d'un récent sommet sur l'investissement.Photo: Bloomberg

Une des grandes tendances qui a marqué la reprise à partir du creux de la crise en 2009 a été la fragile confiance des principaux intervenants de l’économie. En effet, échaudés par l’écroulement financier de 2008, autant les gens d’affaires, les dirigeants d’entreprises que les consommateurs ont vu la reprise avec scepticisme.

Ce qui a affecté les comportements. Les consommateurs ont moins dépensé, réduisant leur endettement (surtout vrai aux États-Unis); les dirigeants de sociétés ont également été prudents dans leurs dépenses, limitant leurs investissements aux besoins essentiels pour appuyer les activités et aux projets rapportant immédiatement.

Cette tendance a aidé les entreprises à accumuler leur encaisse, améliorant considérablement leur situation financière. Cela a également motivé les directions à verser davantage de leurs bénéfices à leurs actionnaires sous forme de dividendes et/ou de rachats d’actions. Par exemple, du premier trimestre 2009 au troisième trimestre de 2013, les sociétés de l’indice S&P 500 ont racheté pour 1 600 milliards de dollars (G$) US de leurs actions, selon Yardeni Research.

Cinq ans plus tard, cette tendance est probablement en train de changer. D’abord, la confiance est revenue, aidée par la belle performance des marchés boursiers et aussi par la croissance soutenue de l’économie. De plus, les entreprises ont des bilans solides et voient la demande augmenter pour leurs produits et services. À un certain moment, il y a des limites à ce qu’on peut produire avec nos installations.

Enfin, les perspectives économiques s’améliorent.

D’ailleurs, cette tendance est déjà en train de changer. En effet, selon des données colligées par Ned Davis Research, pour les 12 mois clos le 30 juin 2013, les entreprises américaines ont dépensé un record de 642 G$US dans leurs immobilisations.

En théorie, les économistes vous diront qu’une hausse sensible des dépenses en capital est positive pour la croissance, ces investissements stimulant la demande un peu partout dans l’économie. De nombreux stratèges y voient d’ailleurs une source menant à des revenus plus élevés pour les entreprises.

Ce n’est pas pour rien que bien des gens, investisseurs inclus, souhaitent une recrudescence de ces dépenses. Selon un sondage fait par Bank of America/Merrill Lynch auprès de gestionnaires de fonds, 58% de ces gestionnaires préfèrent que les sociétés utilisent leurs entrées d’argent pour augmenter leurs dépenses en immobilisations, un sommet. Seulement 10% veulent qu’elles améliorent leur bilan et 30% préfèrent qu’elles versent l’argent aux actionnaires.

Au début de 2009, selon ce même sondage, 70% des gestionnaires voulaient que les entreprises améliorent leur bilan et seulement 10% privilégiaient les dépenses en capital. Cela vous donne une idée du virage depuis quatre ans.

Je pense qu’il est inévitable que les entreprises augmentent leurs investissements. Je suis toutefois un peu moins optimiste quant à leur ampleur et aussi en ce qui a trait à l’impact sur l’économie. En fait, si on regarde l’évolution de ces dépenses à très long terme, je crois qu’il est évident que les sociétés n’ont pas encore tout à fait digéré les excès des cycles précédents.

De plus, la confiance est revenue, mais les dirigeants sont loin d’être si enthousiastes (ces derniers ont la mémoire plus longue que bien des investisseurs). La prudence continuera donc de régner dans les conseils d’administration.

Bernard Mooney 

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