Le problème avec le Canada

Publié le 09/12/2014 à 10:00

Le problème avec le Canada

Publié le 09/12/2014 à 10:00

[Photo : Shutterstock]

Le marché boursier canadien vit des moments difficiles. À son creux d’hier, l’indice de la Bourse de Toronto, le S&P/TSX, avait perdu environ 10% depuis son sommet du début de septembre.

Hier, l’élément déclencheur a été le secteur de l’énergie, cette partie importante de notre Bourse perdant 6,5% de sa valeur. Ce qui est énorme en une seule journée. En fait, tout ce qui est lié de près ou de loin au pétrole est vendu sans discernement depuis que l’OPEP a refusé de réduire sa production il y a quelques jours.

Le prix du pétrole brut a perdu près de 40% de sa valeur depuis juillet. Quand on sait que le secteur de l’énergie représente plus de 20% du TSX, on comprend facilement la faiblesse de la Bourse canadienne.

Mais il y a plus et c’est pour cela qu’on est en droit de s’inquiéter un peu. D’abord, on ne semble pas prendre vraiment au sérieux les retombées négatives à moyen terme de la dégringolade pétrolière. Notre économie faiblarde sera encore plus affaiblie par les mises à pied et les projets abandonnés ou remis que ce secteur vivra dans les prochains mois. Ce n’est pas une question de «si», mais de «quand».

Et il n’y a pas que le pétrole. Les plus récents résultats de nos grandes banques étaient ordinaires, voire médiocres. Les banques représentent un autre 23% de notre indice boursier majeur et si elles tombent en panne, ce n’est pas une bonne nouvelle pour notre Bourse. C’est le moins qu’on puisse dire.

Par ailleurs, avec la croissance en Chine qui ralentit année après année et la faible reprise ailleurs dans le monde, tout le segment des ressources naturelles vit des moments difficiles. Après les années de vaches grasses, nous sommes dans les années de vaches maigres, si proverbiales et si inexorables pour les ressources.

Malgré cette réalité, le Canada n’a pas vraiment cherché à profiter de la manne, lorsqu’elle a passé, pour diversifier son économie. Autant dans l’Ouest avec le pétrole qu’ici avec les matières premières et le plan Nord on a au contraire plongé encore plus dans des secteurs ultra cycliques avec faible valeur ajoutée. La voie de la facilité, quoi.

Le problème, c’est que la vague des ressources se retire alors que l’économie interne vivote et que le grand secteur financier, autre locomotive cruciale, roule aussi au ralenti.

Le Canada doit encore compter sur un faible dollar pour fouetter ses exportations et maintenir son économie en croissance. L’histoire se répète.

Pour l’investisseur, la faiblesse boursière crée des occasions. Mais dans une économie aussi peu diversifiée et fragile, il faut choisir avec doigté les rares entreprises capables de croître à long terme.

Bernard Mooney

 

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