Le pari de Warren Buffett

Publié le 05/05/2014 à 10:30

Le pari de Warren Buffett

Publié le 05/05/2014 à 10:30

Photo: Bloomberg

J’ai souvent écrit au sujet des hedge funds et de leur popularité difficile à comprendre chez les grandes caisses de retraite. Même s’ils sont coûteux et battent rarement le marché dans son ensemble, cela n’empêche pas les institutions d’y diriger des milliards et des milliards de dollars.

Les décideurs sur les conseils des caisses de retraite devraient se pencher sur le pari de Warren Buffett.

En effet, j’avais oublié le pari de Warren Buffett qu’il a lancé pour démontrer l’impossibilité de choisir un groupe de hedge funds qui fera mieux que le S&P 500 à long terme. M. Buffett a profité de l’assemblée annuelle de Berkshire Hathaway de samedi, à laquelle j’ai assisté, pour faire une mise à jour sur ce pari qui doit durer 10 ans.

D’abord, rappelons en quoi consiste ce pari. Un spécialiste a choisi il y a maintenant six ans une brochette des meilleurs hedge funds avec lesquels on a bâti un fonds de fonds. Ensuite, on compare la performance de ces étoiles de l’industrie à celle de l’indice S&P 500. Selon M. Buffett, ces fonds ne feront pas mieux que l’indice sur 10 ans; c’est son pari.

Lisez Warren Buffett dit non à un dividende malgré 48G$ de liquidités

Après la première année, le célèbre investisseur avait l’air fou. En effet, en 2008, le S&P 500 a perdu 37,0% à comparer à un recul de seulement 23,9% pour les fonds, pour une valeur ajoutée de plus de 13%. Depuis toutefois, c’est le contraire, l’indice faisant mieux à chaque année. Par exemple, en 2013, le s&P 500 s’est apprécié de 32,3%, soit plus de 20% de plus que les fonds.

Pour les six ans clos le 31 décembre 2013, le rendement cumulatif du S&P 500 a été de 43,8% contre seulement 12,5% pour les hedge funds.

M. Buffett a fait cette mise à jour juste avant la pause du midi à son assemblée en montrant un tableau, le tout n’a duré que quelques secondes. Et il n’a fait aucun commentaire.

J’ai été surpris de constater le peu d’attention accordée à ce pari dans le cadre de la couverture de l’assemblée. Il me semble qu’il y a là une cruciale leçon.

Je sais que le pari n’est pas terminé, restant quatre années. Je sais aussi qu’on peut poser l’argument que ces fonds se démarquent davantage lors des marchés baissiers. Ce qui est démontré par la performance en 2008 (mais pas en 2011 alors que le S&P s’en est tiré avec une appréciation de 2,1% contre une perte de 1,9% pour les hedge funds).

Je suis à même d’admettre que la différence entre les fonds et le S&P 500 ne sera pas aussi grande dans les quatre prochaines années; ils pourraient même mieux faire en certaines années. Mais le retard est tel qu’on peut déjà penser que Warren Buffett a gagné son pari.

Plus important encore, il devrait avoir démontré que toute cette industrie repose sur une supercherie achetée à gros prix par vos caisses de retraite.

Ces gestionnaires ne sont pas capables de battre le marché à long terme ou plus exactement, vous n’êtes pas capables d’identifier au préalable ceux qui le feront. C’est pour cela qu’à mon avis payer 2% de l’actif en honoraires de gestion avec en plus une partie des rendements en rémunération incitative ne fait aucun, mais aucun sens.

Bernard Mooney

P.S. Ne manquez pas ma chronique dans la prochaine édition du Journal sur l’assemblée annuelle de Warren Buffett!

 

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