Le Nasdaq est revenu, pas la Bourse

Publié le 03/03/2015 à 10:01

Le Nasdaq est revenu, pas la Bourse

Publié le 03/03/2015 à 10:01

Photo Bloomberg.

L’indice Nasdaq a clôturé hier au-delà des 5000 points, une première depuis le sommet de la bulle techno, il y a 15 ans. L’indice est à quelques points de son sommet de tous les temps, réalisé quelque part au début de 2000.

Ce n’est qu’une question de temps avant que cette marque soit franchie. Mais encore là, on ne devrait pas nécessairement fêter et s’enivrer au champagne.

D’abord, il est bon de répéter ce que j’ai déjà mentionné : contrairement à ce que certains croient, le contexte aujourd’hui est loin d’être semblable à celui du début du millénaire. En 2000, en pleine bulle, l’évaluation de la plupart des titres de l’indice Nasdaq était farfelue, complètement détachée de la réalité.

Je ne crois pas que je vais vivre une autre bulle semblable de mon vivant. Il est vrai je ne suis plus très jeune, mais vous comprenez ce que je veux dire…

L’autre facette à ne pas oublier c’est que franchir un sommet en 15 ans représente un rendement de zéro, ou presque. Par exemple, si vous avez acheté l’indice Nasdaq à 5100 en février 2000, vous vous retrouvez avec peu de performance, soit un minable dividende, 15 années plus tard. Ouf, il n’y a pas grand-chose là à fêter.

Il s’agit d’un exemple théorique car à peu près personne n’a fait cela. Par contre, cela illustre un peu le dommage provoqué par la folie financière.

L’autre grand dommage, qui demeure celui-là, c’est que la bulle a écoeuré toute une génération d’épargnants-investisseurs face à la Bourse. Bien de ces gens ont été attirés par le marché boursier pour les mauvaises raisons, comme la possibilité de faire de l’argent vite sans trop se forcer.

Évidemment, ils se racontaient des histoires, avec l’aide (devrais-je dire la complicité) de Wall Street et de bien des médias financiers qui faisaient beaucoup d’argent à vendre du rêve.

Or, toute cette génération n’est pas vraiment revenue à la Bourse. Ceux qui l’ont fait, l’ont fait timidement, le plus souvent indirectement. Elle a tellement été brûlée, malmenée et traumatisée par la Bourse qu’elle a juré de ne plus jamais y mettre les pieds.

C’est dommage et révoltant pour un gars comme moi qui sait que la Bourse est une voie puissante pour s’enrichir.

Les bulles comme celle de 2000 renforcent les préjugés tenaces contre les actions et créent des distorsions importantes quant au potentiel de rendements des différentes catégories d’actif. En fin de semaine, lors d’un souper, un jeune m’a lancé que c’était vraiment facile de s’enrichir en achetant une maison.

Lorsque je lui ai répondu qu’à long terme il pouvait s’attendre à un rendement annuel d’environ 3% avec l’immobilier résidentiel, il croyait que je niaisais. Son père, lui, qui s’est fait ramasser solide lors de l’éclatement de la bulle techno, est tombé de sa chaise tellement il croyait mon affirmation farfelue.

J’ai ajouté, calmement, que malgré toutes les perceptions, l’immobilier n’était pas une catégorie d’actif si payante. Et j’ai changé de sujet….

Car les plaies qui résultent toujours de ces bulles sont trop profondes chez bien des gens. Et c’est tellement dommage.

Le Nasdaq est peut-être revenu, mais pas la réputation de la Bourse!

Bernard Mooney

 

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