Le mystère d'Amazon.com

Publié le 26/10/2014 à 22:21, mis à jour le 27/10/2014 à 10:40

Le mystère d'Amazon.com

Publié le 26/10/2014 à 22:21, mis à jour le 27/10/2014 à 10:40

Photo: Shutterstock

Amazon.com (Nasdaq, AMZN) est une société que j’admire beaucoup et c’est encore plus vrai pour son président et chef de la direction Jeff Bezos. Mais quand vient le temps d’évaluer ce titre, ouf, c’est une autre histoire.

Et les plus récents résultats publiés jeudi par le grand roi du commerce en ligne n’ont rien pour aider l’investisseur. Amazon a réussi à accroître ses revenus du trimestre clos le 30 septembre de 20% à 20,5 milliards de dollars (G$) US. C’est une performance superbe pour une société de cette taille. Or, les analystes ont été déçus, parce qu’ils croyaient bien qu’Amazon.com fracasseraient les attentes (sa perte ne semble préoccuper personne…).

Pour ajouter au drame, la direction a publié des perspectives relativement modestes, avec des revenus attendus de 27,3G$US à 30,3G$US. Le milieu de cette fourchette représenterait une croissance de 12,5%.

Ce qui a provoqué un raz-de-marée boursier faisant dégringoler le titre d’Amazon.com de 8%, soit 26$US à 287$US, une perte de plus de 11G$US en valeur boursière. Le titre a perdu 28% depuis le début de 2014.

Si vous pensez que la réaction des investisseurs est exagérée, n’oubliez pas que la société ne réalise pas de bénéfices. Elle doit donc compenser en affichant une croissance des revenus astronomique. Car c’est le modèle qu’a vendu M. Bezos à Wall Street avec un succès qui me renverse.

L’idée c’est que d’une part d'Amazon investit massivement dans de nombreux domaines, services et promotions reliés de près et de loin au commerce Internet. Elle prend ainsi des parts de marché et augmente sa domination, au grand malheur de tous ses concurrents dont la liste allonge à chaque année. Ces investissements se réflètent dans ses revenus qui croissent rapidement, mais aussi dans sa rentabilité qui est pratiquement inexistante.

Un investisseur valeur qui aime Amazon

L’autre versant de cette thèse, c’est que lorsque l’entreprise cessera (ou diminuera significativement) ses investissements, sa rentabilité explosera et ses actionnaires empocheront le magot. À ce sujet, j’ai lu il y a quelques semaines le commentaire fascinant du gestionnaire Bill Nygren, du fonds Oakmark Select, qui expliquait pourquoi il avait acheté des actions d’Amazon.com. M. Nygren est un chasseur d’aubaines assez connu qui ne devrait pas en principe acheter un titre aussi cher.

Selon le gestionnaire, les revenus provenant des ventes de tiers sur le site d’Amazon sont beaucoup plus rentables que celles d’un détaillant classique comme Wal-Mart et elles devraient commander un plus fort multiple d’évaluation.

De plus, M. Nygren explique que si Amazon capitalisait une partie de ses investissements, comme le font les sociétés industrielles, ses profits seraient nettement supérieurs. Ce sont de bons points, sauf qu’ils ne permettent pas de justifier l’évaluation du titre.

Les analystes prévoient des bénéfices par action de 1$US cette année et de 2-3$US l’an prochain. Et Amazon se fait un devoir depuis quelques années de ne pas atteindre les prévisions de bénéfices. Peu importe. On peut doubler, tripler ces prévisions et le titre conserve une évaluation qui est d’une autre planète.

Et c’est sans considérer une question fondamentale. En effet, si Amazon ralentit ses investissements, dans un futur plus ou moins lointain, quel sera l’impact sur ses revenus et leur croissance?

Si vous désirez acheter des actions de la société, vous devez répondre positivement à cette question. Selon moi, cela demeure la clé insondable dans le mystère de l’évaluation d’Amazon.com.

Bernard Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.