Le marché est un adversaire de taille

Publié le 28/05/2014 à 13:09

Le marché est un adversaire de taille

Publié le 28/05/2014 à 13:09

Il n’est pas facile de faire mieux que le marché boursier dans son ensemble. Les investisseurs ne devraient pas sous-estimer le marché qui est un adversaire de taille.

Lorsqu’on parle du marché, on fait référence aux indices boursiers qui servent de point de repère pour évaluer la performance. Ainsi, pour le gestionnaire de portefeuille spécialisé en actions canadiennes, son indice de référence sera probablement l’indice S&P/TSX.

Celui qui investit dans les actions américaines pourra se comparer au S&P 500 ou à d’autres indices plus spécialisés si cela est pertinent en fonction de son approche de placement et de son mandat (en passant, l’indice Dow Jones n’est jamais utilisé, entre autres parce qu’il ne reflète qu’une infime partie du marché boursier américain).

Or, si vous regardez le nombre de professionnels qui réussissent à battre leur indice de référence, vous constatez qu’il est très rare qu’ils soient capables de le faire année après année. Et vous gagnez un grand respect pour le marché dans son ensemble.

Par exemple, Burton Malkiel a suivi les rendements de 358 fonds d’actions sur une longue période, soit de 1970 à 2012. Seulement trois de ces fonds ont réussi à faire mieux que le S&P 500 de 2 à 3% par année; un seul l’a battu par 3 à 4%!

Une des raisons est plutôt surprenante : c’est que la plupart des fonds sont disparus pendant cette période. En effet, sur les 358 fonds identifiés en 1970, il n’en restait plus que 92 quarante ans plus tard. Et cela est un facteur crucial lorsque vous analysez les rendements historiques des fonds.

Ainsi, dans l’échantillon de M. Malkiel, la sous-performance des fonds est à peu près équivalente à la surperformance. Il y a deux fonds qui ont sous-performé le S&P 500 de 3 à 4 % contre un qui l’a battu par la même marge. Mais cela ne tient pas tout à fait compte de la disparition d’un grand nombre de fonds.

On peut facilement et raisonnablement faire l’hypothèse que les fonds disparus, en grande partie, sous-performaient. Quelle famille de fonds fermerait un fonds qui fait mieux que le marché?

Au total, 36 fonds ont fait mieux que l’indice ou 10% du total. Et seulement quatre fonds ont battu le marché de plus d’au moins 2%. C’est 1% des fonds. Ouf.

L’indice S&P 500 est un compétiteur formidable. Il est composé en tout temps d’une brochette des meilleures sociétés américaines. Lorsqu’une de ces entreprises piétine ou fait fausse route, son importance diminue (l’indice est pondéré en fonction de la valeur boursière) ou elle est carrément remplacée par une meilleure. Le S&P 500 n’endure donc pas de perdants!

De plus, les rendements affichés par l’indice sont théoriques par opposition à ceux du gestionnaire qui paie des frais pour acheter et vendre ses titres et pour gérer son fonds. À bien des égards, ce seul fait rend la comparaison presque injuste. Plus il transige, plus il creuse l’écart systémique par rapport à l’indice.

Deux conclusions s’imposent : d’abord, les fonds négociés en Bourse, qui vous offrent pratiquement le rendement de l’indice à peu de frais sont un véhicule rationnel et incontournable pour un très grand nombre d’investisseurs et épargnants. L’autre conclusion c’est que si vous avez l’objectif (la prétention?) de battre le marché à long terme, vous devez prendre le placement au sérieux, faire vos devoirs et faire preuve d’une grande discipline.

Ce n’est pas impossible, mais c’est une grave erreur de prendre ce défi à la légère.

 

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