Le discours de M. Sabia et de la Caisse est rafraîchissant

Publié le 27/11/2014 à 08:26

Le discours de M. Sabia et de la Caisse est rafraîchissant

Publié le 27/11/2014 à 08:26

Le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt, Michael Sabia. (Photo: Bloomberg)

Il fait bon d’entendre Michael Sabia, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), dénoncer les investisseurs qui privilégient trop souvent le rendement à court terme. C’est tellement rafraîchissant !

«Les marchés sont dominés par ceux qui sont à la recherche de rendements trimestre par trimestre, a-t-il dit, mercredi, devant le Club canadien de Toronto. Des investisseurs dont la préoccupation consiste en des gains rapides.»

C’est tellement vrai, et pas seulement chez les petits investisseurs, mais aussi chez de nombreuses grandes institutions comme la CDPQ. C’est un cancer qui ronge les marchés financiers depuis de nombreuses décennies.

Selon M. Sabia, cette attitude aurait un impact négatif sur l’économie mondiale. Sur ce point, je plaide l’ignorance, voire le doute car les liens entre l’économie et la Bourse, si faciles à faire, sont loin d’être évidents et démontrés.

N’empêche. Le discours du grand patron de la Caisse est vraiment crucial car ce sont ce genre d’investisseurs qui peuvent provoquer de vrais changements positifs dans les marchés financiers. Je pense entre autres à la régie d’entreprise et en particulier aux abus dégoûtants dans la rémunération des dirigeants.

Lorsque des petits investisseurs se plaignent du travail déficient des conseils d’administration, leur voix a une portée faible, il faut l’admettre. Par exemple, Bernard Mooney, avec ses 1000 actions de ABCE, n’impressionnera pas vraiment sa haute direction.

Par contre, un investisseur institutionnel comme la CDPQ, avec une participation significative, et qui en plus est superbement bien placée pour influencer et rallier d’autres gros actionnaires institutionnels, voilà qui peut faire trembler les conseils les plus paralysés.

Le grand patron de la Caisse s'est également affairé à vanter la stratégie de l'institution sur les rendements à long terme en affirmant qu'elle se comportait en «propriétaire d'entreprise». Encore là, c’est de la musique symphonique grandiose à mes oreilles. Mais M. Sabia aurait dû ajouter que c’était nouveau pour la Caisse. Je sais…cela aurait été d’insulter ses prédécesseurs, mais tout de même la vérité.

C’est tellement beau, ce discours, qu’une partie de moi ne peut s’empêcher de croire que cela ne durera pas. Personne au Québec, ou presque, ne comprend vraiment ce qu’est le placement à long terme et encore moins ce que cela signifie que de «se comporter en propriétaire d’entreprise». Et encore moins les politiciens dont la cervelle est principalement axée sur le décompte des votes futurs.

Alors, j’y croirai vraiment à ce nouveau discours de la CDPQ lorsque cette dernière aura été bien testée, entre autres par un éprouvant marché baissier et aussi par le passage des années qui amènera son lot de rendements moins bons.

Car si je suis profondément convaincu que l’attitude de Michel Sabia est celle qui mène à de meilleurs rendements à très long terme, il reste que cela n’empêche pas d’avoir à vivre des années moins bonnes et des rendements inférieurs aux indices (entre autres lorsque l’euphorie s’empare des marchés).

C’est dans ces périodes troublées que la philosophie de la Caisse sera éprouvée.

Bernard Mooney

 

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