Le dirigeant de l'année est...

Publié le 20/11/2014 à 09:36

Le dirigeant de l'année est...

Publié le 20/11/2014 à 09:36

Louis Vachon. (Photo: Jérôme Lavallée)

Le magazine d’affaires Canadian Business a récemment nommé Louis Vachon, de la Banque Nationale, comme le président de l’année, ce qui m’a poussé à réfléchir sur ce genre de nomination.

D’abord, M. Vachon mérite nos félicitations, car il a en effet fait un bon travail à la tête de la banque. Selon Canadian Business, le titre de la Nationale a mieux fait que celui de ses cinq principaux compétiteurs, avec une appréciation de 23%. Les résultats de sa banque sont aussi très bons, malgré une croissance économique peu spectaculaire au Québec, son principal marché.

Toutefois, pour avoir participé à ce genre de nomination à l’intérieur d’un média, je peux vous confier qu’il ne faut pas les prendre très au sérieux. Du moins, du point de vue de l’investisseur que vous êtes.

Pourquoi? Parce qu’il y a toutes sortes de facteurs qui entrent en jeu qui n’ont rien à voir avec les accomplissements des dirigeants. Comme la taille et la renommée de la société dirigée…un magazine qui choisit le PDG d’une toute petite entreprise presque inconnue frappe un coup d’épée dans l’eau sur le plan de son propre marketing.

Les facteurs commerciaux peuvent également faire pencher vers tel PDG dans telle province parce que le magazine voudrait bien augmenter ses ventes dans ce coin de pays…

De nombreux dirigeants sont très habiles à faire leur propre promotion, ce qui peut faire en sorte qu’il soit très difficile de séparer l’ivraie du bon grain lorsque vient le temps d’identifier la vraie excellence.

Mon préjugé

De plus, j’ai énormément de problème à accorder un grand crédit aux dirigeants des grandes banques canadiennes. C’est mon préjugé et je l’admets publiquement. Leur situation me rappelle un vieux gag des Cyniques (mes excuses aux lecteurs plus jeunes qui n’ont pas eu la chance de connaître ces comiques, des vrais!). Dans ce gag, les Cyniques disaient, en parlant d’un comté du West Island, que les libéraux pouvaient y présenter n’importe qui, même un cochon, et qu’il serait élu. «C’est ce qu’ils ont fait», lançait un des Cyniques, en parlant, avec fort peu de respect, d’un politicien dont j’ai oublié le nom…

J’ai ainsi un peu l’impression que la valeur ajoutée d’un PDG d’une grande banque canadienne est relativement limitée. Oui, il peut faire une certaine différence, mais admettez avec moi que celle-ci est beaucoup plus restreinte que le PDG d’une chaîne de commerce de détail qui affronte des dizaines et des dizaines de concurrents voraces de partout dans le monde, sans oublier les détaillants en ligne.

Comprenez bien mes propos: je ne dis pas que c’est «facile» de diriger une grande banque; je dis simplement que c’est probablement beaucoup plus ardu d’être à la tête d’une société d’un secteur moins privilégié.

D’ailleurs, à mon avis, les meilleurs dirigeants, ceux qui sont vraiment exceptionnels, ont tendance à ne jamais faire les manchettes et à ne jamais être choisis comme PDG de l’année parce qu’ils sont inconnus.

Par exemple, à mon avis, le meilleur PDG en Amérique du Nord est celui d’un fabricant de recouvrement de plancher. Lors de la grande récession de 2008, il s’est battu pour maintenir sa rentabilité malgré une baisse immédiate de plus de 30% de ses ventes dans un secteur en dépression. Il a réussi en réduisant ses coûts et en améliorant son efficacité de façon héroïque, selon moi.

Non seulement cela, mais il en a profité pour réaliser des acquisitions stratégiques et importantes qui ont permis à sa société de rebondir de façon exceptionnelle depuis 2009.

Je vous gage que pratiquement personne ne peut dire son nom (je ne le vous le dirai pas non plus!).

Mais vous retrouverez pas ce genre de PDG à une d’un grand magazine, nommé président de l’année….

Bernard Mooney

 

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