Le dilemme des titres à petite capitalisation

Publié le 29/04/2014 à 09:36

Le dilemme des titres à petite capitalisation

Publié le 29/04/2014 à 09:36

Depuis quelques semaines, les investisseurs sont submergés d’articles sur les titres à petite capitalisation, notamment concernant leur possible surévaluation. Un peu comme c’est le cas pour les titres du secteur de la biotechnologie, bien des experts recommandent la prudence.

Il est vrai que les titres à petite capitalisation (appelés communément «small cap») ont réalisé des performances exceptionnelles. Aux États-Unis par exemple, l’indice Russell 2000 s’est apprécié de 37% en 2013, surpassant les gains de 30% du S&P 500. Le rendement sur cinq ans est de 24,3%, ce qui est encore exceptionnel.

Au Canada, l’indice BMO Small Cap Index a perdu 0,5% en 2013, sous-performant de façon très nette l’indice S&P/TSX qui a réalisé un rendement total de 13%. Sur cinq ans toutefois, l’indice canadien des titres à petite capitalisation a progressé de 18,2% sur cinq ans, surpassant le S&P/TSX qui a réalisé une performance de 11,9%.

Comme c’est bien souvent le cas lorsqu’on parle d’indices boursiers canadiens, il est difficile de ne pas avoir une lecture biaisée, selon leur constitution. Le manque de profondeur de notre marché diminue considérablement leur portée.

En passant, même aux États-Unis, selon les sources, la définition d’un «small cap» peut varier considérablement. Certains vous diront qu’il faut une valeur boursière de moins de dix milliards de dollars (G$) US pour en faire partie alors que pour d’autres, tout ce qui est inférieur à 1G$US est petit.

Par exemple, le plus gros titre du Russell 2000, indice «small cap» classique, est American Realty Capital Properties avec une valeur boursière de 10G$US. Les plus petits ont des valeurs boursières inférieures à 20M$US! Le titre médian vaut 732M$US, ce qui correspond à ma vision d’un titre à petite capitalisation américain.

Typiquement, lors des marchés baissiers, plus les titres sont petits, plus ils s’effondrent. À l’inverse, durant les premières manches des marchés haussiers, ils dominent, souvent effrontément. Ce fut encore le cas depuis le mouvement haussier qui a commencé en 2009. Le fait qu’ils aient encore surperformé l’an dernier, la quatrième année du marché haussier, indique à mon avis que ce marché est loin d’être terminé.

Par ailleurs, les affirmations de surévaluation, voire de bulle, sont à mon avis fortement exagérées. Ainsi, le Russell 2000 se vend à un peu moins de 18,8 fois ses bénéfices prévus pour les 12 prochains mois. C’est plus élevé que le ratio cours/bénéfices du S&P 500 (15,7) et ce n’est pas l’aubaine du siècle, mais ce n’est pas farfelu non plus.

A l’intérieur de cet indice, vous retrouvez certes des titres très chers et aussi, probablement, des aubaines….

Le problème n’est pas là à mon avis. C’est lorsqu’on considère les titres à petite capitalisation comme catégorie d’actif distincte que j’ai tendance à mal réagir. En effet, vous verrez souvent des discours de financiers comme quoi vous devriez avoir tel pourcentage de votre portefeuille dans cette catégorie d’actif, en raison de leur performance supérieure à long terme, etc.

Si vous êtes un investisseur individuel ou un simple épargnant, je vous dirais que c’est de la bouillie pour les chats. Vous n’avez pas besoin des titres à petite capitalisation comme catégorie distincte.

De plus, si vous gérez vous-même votre portefeuille, la taille ne devrait pas être un critère important de sélection. N’achetez jamais un titre parce qu’il est petit; vous l’achetez parce qu’il est de qualité! Un point c’est tout.

Bernard Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.