La peur de la Bourse est revenue

Publié le 11/02/2014 à 09:10

La peur de la Bourse est revenue

Publié le 11/02/2014 à 09:10

Photo: Bloomberg

BLOGUE. Il n’a pas fallu grand chose. Une correction de quelques pourcents et oups, les investisseurs ont recommencé à craindre la Bourse et à se réfugier dans les obligations. Au point où un commentateur a lancé que la grande rotation vers les actions est terminée.

Lors de la semaine terminée le 5 février, les investisseurs ont vendu pour 28 milliards de dollars (G$) US en fonds d’actions, selon EPFR Global. C’est la pire performance hebdomadaire depuis août 2011. Si vous vous rappelez, c’était la période de la crise politique entourant le relèvement du plafond de la dette aux États-Unis qui avait provoqué une baisse de 19% du S&P 500.

Pendant ce temps, les fonds obligataires, incluant les fonds négociés en Bourse, ont attiré 10,7G$US en une seule semaine. Selon Lipper, c’est un record hebdomadaire.

Les fonds d’actions investissant dans les marchés émergents ont subi des ventes pour la quatrième semaine consécutive, soit de 2,7G$US après 2,6G$US la semaine précédente.

Par ailleurs, les indicateurs d’optimisme ont eux aussi fait un virage soudain. Selon les données de l’American Association of Individual Investors (AAII), 32,2% des investisseurs sont optimistes quant aux perspectives boursières, une baisse de près de 6% en une semaine. Le nombre de pessimistes a explosé de 9% à 32,8%.

La moyenne à long terme quant aux investisseurs optimistes est de 39%. Nous sommes significativement sous ce niveau.

Pour un observateur qui ne connaît pas la Bourse, ce virage rapide et violent peut sembler difficile à comprendre. En effet, comment expliquer ce plongeon vers le pessimisme et un actif refuge (les obligations) quelques semaines seulement après une année exceptionnelle pour la Bourse? Et, on ne peut pas dire qu’un événement tragique ou grave a transformé subitement le contexte. Non.

Pour un vieil observateur comme moi, il n’y a pas de surprise. Je l’ai écrit souvent et je dois le répéter (c’est si facile à oublier), la Bourse est maniaco-dépressive. Elle passe de l’euphorie à la déprime en quelques jours, voire quelques heures. C’est dans sa nature et c’est un fait. On n’y peut rien.

Il faut juste s’en rappeler et développer une épaisse et coriace carapace pour ne pas se laisser influencer et pour pouvoir en profiter.

Les FNB, outils de spéculation?

Je veux terminer avec un commentaire sur les fonds négociés en Bourse (FNB). En consultant les statistiques sur les mouvements de capitaux, qui incluent les achats et les ventes de FNB, j’ai constaté que ces derniers sont de plus en plus des outils de spéculation.

Par exemple, selon Lipper, pratiquement toutes les ventes de fonds d’actions pour la semaine terminée le 5 février ont été faites par le biais des FNB. Les détenteurs de fonds communs traditionnels n’ont pratiquement rien vendu.

Ce n’est pas surprenant. Il existe de nombreux FNB avec effet de levier qui rendent facile (??!!!) et si tentante la spéculation sur les indices boursiers. Techniquement, c’est facile, aussi facile que d’acheter quelques actions de BCE ou IBM. Mais le faire de façon rentable, mois après mois, année après année, c’est une toute autre histoire.

Encore une fois, les investisseurs prennent un outil rationnel et efficace et le transforme en arme de spéculation massive, voire d’appauvrissement massif.

Désolant.

Bernard Mooney

 

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