La guerre entre créanciers et actionnaires

Publié le 28/06/2011 à 10:00

La guerre entre créanciers et actionnaires

Publié le 28/06/2011 à 10:00

Blogue. Le 27 juin, l’agence de crédit Fitch Ratings a réduit la cote de crédit des titres de dettes du détaillant électronique Best Buy de deux crans à BBB, soit la plus faible cote. C’est la plus belle illustration des intérêts parfois divergents entre les actionnaires et les créanciers.

Car Fitch ne fait qu’être le chien de garde des intérêts des détenteurs de titres de dettes qui, à priori, ne devraient pas du tout perdre le sommeil avec la situation financière de Best Buy. La société a un peu plus de deux milliards de dollars (G$) US de dettes alors qu’elle génère plus de 1 G$US de fonds autogénérés libres par année.

Ce qui signifie qu’en principle, elle pourrait rembourser toute sa dette en deux ans ! Rien d’inquiétant là.

Deux choses inquiètent pourtant les analystes de Fitch. D’abord, ils estiment que les perspectives de Best Buy sont moins bonnes alors que le détaillant perd des parts de marchés.

D’autre part, Fitch ne voit pas d’un bon œil l’annonce de Best Buy de racheter pour 5G$US de ses actions (par rapport à une valeur boursière de 12G$US) et l’augmentation de son dividende. Le 21 juin, la société a augmenté son dividende trimestriel de 7% à 0,16$US par action. Cela donne un rendement de 2,0% en dividende.

Le titre n’a rien fait depuis plusieurs années et se vend 9,0 fois ses profits prévus pour l’exercice se terminant février 2012. S’il y a un moment pour racheter de ses actions, c’est bien actuellement. Non seulement parce que les actionnaires ont droit à recevoir la plus grande partie des fonds générés par les activités, mais aussi parce qu’à ce prix, c’est probablement un bon placement et une façon rationnelle de créer de la richesse (contrairement par exemple à la chaîne d’alimentation dite naturelle Whole Foods Market qui a annoncé récemment son intention de racheter de ses actions alors que le titre se vend 32,6 fois ses profits !).

Mais tout cela n’est pas vrai si vous étudiez la situation du point de vue du créancier, comme le fait l’agence Fitch. Eux, ils aimeraient que Best Buy conserve tout son «cash» pour rassurer au maximum les détenteurs de dettes. Au diable les actionnaires !

Bernard Mooney

 

À propos de ce blogue

Chroniqueur au Journal Les Affaires, Bernard Mooney traite de la Bourse sous toutes ses facettes en s’adressant particulièrement aux investisseurs à long terme. Il est connu pour une vision misant sur le gros bon sens.

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.