La catastrophe HP

Publié le 21/08/2011 à 20:38

La catastrophe HP

Publié le 21/08/2011 à 20:38

Blogue. Dire que les investisseurs ont mal réagi à l’annonce de Hewlett-Packard de jeudi soir est loin de la réalité.

Le marché s’attendait à de mauvais résultats financiers. Ce n’est pas pour rien que le titre avait atteint de nouveaux creux lors des jours et des semaines précédant leur publication.

En annonçant la fin des activités de Palm, la mise en vente ou l’essaimage de sa division d’ordinateurs personnels et l’acquisition de la société britannique de logiciels Autonomy, la direction de HP a lancé le signal, haut et fort, qu’elle appuyait sur le bouton de panique.

En fait, en soit, sortir du chemin d’Apple n’est pas nécessairement une mauvaise décision. Un HP axé sur les services et les logiciels peut s’avérer une combinaison gagnante.

Par contre, l’annonce qu’elle déboursera 10 milliards de dollars (G$) US comptant pour Autonomy est ce qui est plus difficile à comprendre, de façon rationnelle.

On s’imagine facilement les discussions au conseil d’administration qui ont mené à cette décision...

 

« On va annoncer des résultats décevants, des perspectives de profits poches pour le reste de l’exercice, la fin de Palm et qu’on va se départir de la division PC. Il faut trouver une bonne nouvelle pour au moins que nos actionnaires puissent se consoler. »

« Bonne idée. Annonçons une grosse acquisition, par exemple dans le segment des logiciels, qu’on veut développer. »

« Pas fou ça ! Achetons la britannique Autonomy. Selon mes sources, on peut l’acquérir pour 11-12G$ US. »

« Hum, 11G$ US, me semble que c’est beaucoup d’argent!»

« C’est vrai, mais on peut justifier en disant que c’est un moyen d’utiliser notre encaisse qui dort à l’extérieur des États-Unis.»

« C’est bon ça…»

 

Évidemment, cette discussion est le fruit de mon imagination, mais à quelque part, je ne serais pas surpris qu’elle ressemble à ce qui s’est vraiment passé en réalité.

Le marché n’a pas été dupe. Le titre a fondu de 20% vendredi charcutant 12G$US à la valeur de la société. Et n’oublions pas que le titre avait déjà perdu 40% de sa valeur avant (de son sommet des 52 dernières semaines).

C’est un gigantesque et éloquent vote de non confiance envers la direction.

Regardez le ridicule profond de la décision d’acheter Autonomy. HP offre de payer plus de 11-12 fois les revenus pour cette société active dans les logiciels utilisés pour la gestion des contenus. Elle paie environ 30 fois ses bénéfices d’exploitation de 350M$ US alors qu’il ne s’agit pas d’une société à forte croissance et qui, somme toute, n’est pas assez grosse pour avoir un impact majeur sur HP (qui a plus de 126G$ US de revenus).

Pour financer cet achat, HP devra ajouter à sa dette, et par conséquent réduire substantiellement ses rachats d’actions. Elle cessera donc d’acheter de son titre, qui se vend à 0,3 fois les revenus et environ 5,0 fois les profits pour acheter une société à 11 fois les revenus! De la débilité profonde typique des plus grandes erreurs corporatives.

Il est certain que HP se trouvait à un point critique de son histoire, avec 40G$ US de revenus dans des activités en déclin (les ordinateurs personnels). Et il n’y avait pas de solution facile. Par contre, le marché avait déjà anticipé une partie de la douleur inhérente à cet état de chose.

La direction, peut-être en cherchant à impressionner ou tout simplement parce qu’elle a paniqué, a pris une décision de trop en achetant Autonomy.

Bernard Mooney

 

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom Ă  l'Ă©tranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier Ă  nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.