La Bourse suit les profits

Publié le 28/10/2014 à 09:46

La Bourse suit les profits

Publié le 28/10/2014 à 09:46

[Photo : Shutterstock]

Il y a de ces idées qui semblent évidentes, pas parce qu’elles sont appuyées par des faits, mais uniquement parce qu’elles sont répétées, répétées et répétées encore. Comme celle qui veut que le marché boursier soit surévalué.

Je lis à chaque semaine cette affirmation plusieurs fois, de sources différentes et variées. La plupart des fois, ce sont des stratèges, des économistes et des gestionnaires. D’autres fois, ce sont des éditorialistes ou des chroniqueurs qui mentionnent ce «fait» qui va de soi.

Ouais. Sauf que ce n’est pas vrai.

Je sais d’où provient cette affirmation. En fait, elle a plusieurs sources, mais la principale à mon avis est le fait que, brûlés par le(s) cycle(s) précédent(s), plus personne ne veut se faire prendre les culottes baissées. En d’autres mots, la base de cette affirmation est principalement émotive.

«Comme la Bourse a beaucoup monté, elle est sûrement surévaluée.» Voilà résumée la plus importante réflexion (réaction serait certes le mot le plus approprié) derrière l’affirmation que la Bourse est surévaluée. Et la conclusion naturelle de ce «raisonnement» est….«la Bourse est sur le point de planter…»

Le reste est du maquillage, car selon le niveau de sophistication des sources, on retrouvera des chiffres pour donner de la substance, ou une apparence de substance à cette affirmation.

Je ne vous dis pas que tous ceux qui mentionnent que la Bourse est surévaluée parlent à travers leur chapeau, mais c’est trop souvent le cas.

Ces réflexions me proviennent à la lecture d’un commentaire publié par Scotia Capital ce matin. Le stratège Hugo Ste-Marie écrit un texte pour décrire la saison des profits jusqu’à maintenant aux États-Unis. Malgré la publication par certaines grosses sociétés de résultats décevants (comme IBM, Coca-Cola et McDonald’s), dans l’ensemble les bénéfices sont au rendez-vous jusqu’à maintenant.

Selon Scotia, 71% des entreprises ont mieux fait que prévu, ce qui est très bon (41% des titres du S&P 500 ont déjà publié leurs résultats). Jusqu’à maintenant, les bénéfices sont en hausse de 11% par rapport à l’an dernier, ce qui est excellent et supérieur aux attentes.

Le stratège calcule que les profits réalisés pour les 12 derniers mois pourraient atteindre 114,85$US pour le S&P 500, en progression de 12% depuis un an. On parle de bénéfices réalisés et non de prévisions. Ce qui signifie que l’indice américain se vend ce matin 17 fois les profits réalisés.

Ce n’est pas ce point qui a attiré particulièrement mon attention. C’est le fait que les profits américains ont presque triplé depuis le creux de la dernière récession, avec une hausse de 190%.

Vous ne savez pas quoi : c’est exactement la progression du S&P 500 depuis son creux de 2009 (+195%).

Voilà de quoi faire taire tous ceux qui proclament, immédiatement après avoir déclaré avec une conviction religieuse que «la Bourse est surévaluée», que de toute façon la performance de la Bourse ne s’explique que par les manigances de la Federal Reserve qui tente par tous moyens de stimuler l’économie, ne réussissant qu’à gonfler le marché boursier.

Bernard Mooney

 

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