L'autre facette des essaimages

Publié le 13/10/2014 à 10:44

L'autre facette des essaimages

Publié le 13/10/2014 à 10:44

La semaine dernière, j’ai décrit comment les essaimages pouvaient créer de la richesse, dans le contexte de l’annonce de Hewlett-Packard de se diviser en deux sociétés.

Or, si les essaimages peuvent créer de la richesse pour les actionnaires, il ne faut pas oublier l’autre côté de l’histoire. Ils sont souvent le résultat d’acquisitions stupides.

Toutes les raisons sont bonnes pour faire des acquisitions: devenir plus gros, prendre des parts de marché, réaliser des économies d’échelle, se diversifier, etc. etc. Et lorsque ces idées donnent de bons résultats, elles sont suivies aveuglément et jusqu’à l’excès.

Par exemple, HP a acheté Compaq Computer pour 25 milliards de dollars (G$) US en 2002, En achetant son principal concurrent, HP gagnait immédiatement des parts de marché tout en pouvant espérer faire des économiques d’échelle.

Je me rappelle d’avoir écrit à l’époque que c’était une acquisition stupide, entre autres parce que HP payait beaucoup trop cher (ce qui m’avait valu de me faire traiter de sexiste par un lecteur qui croyait que ma réaction s’expliquait par la présence d’une femme à la tête de HP, Carly Fiorina…).

Eh bien, dans la division annoncée la semaine dernière, les actionnaires de HP recevront des actions de la société active dans le secteur des ordinateurs personnels et les imprimantes, une partie de Compaq quoi!

Et HP a aussi acheté EDS pour 13G$ US, soit les activités de consultation en informatique de Ross Perot, dans une tentative pour devenir gros rapidement dans ce secteur. C’est en partie aussi ce qui se retrouvera dans l’autre société essaimée par HP.

Symantec, jeudi dernier, a aussi annoncé son essaimage. La société spécialisée dans les logiciels anti-virus distribuera à ses actionnaires les actions de ses activités dans les logiciels pour le stockage de données. Cette transaction, essentiellement, défera son acquisition de Veritas Software faite en 2005 au prix exorbitant de 13,7G$ US. Pour vous donner une idée, Symantec a aujourd’hui une valeur boursière dans les 15G$US.

Selon les analystes, cette décision signifie que la direction de Symantec admet finalement, presque 10 ans plus tard, que son acquisition a été une erreur. Ce qui est relativement facile parce que la direction a changé depuis.

Mais peut-être le meilleur exemple est celui de JDS Uniphase, une des vedettes déchues de la bulle techno. Il y a un mois, JDS a annoncé qu’elle se divisait en deux, soit une société spécialisée dans les composantes optiques et une autre dans les services d’activation de réseau et de sécurité.

Dans son communiqué, la direction de JDS explique que les deux entreprises indépendantes «auront une plus grande flexibilité stratégique» pour faire face à des marchés qui changent rapidement. Et ça fait du sens, n’est-ce pas?

En 2001, JDS a réalisé ce qui était à ce moment la plus importante acquisition du secteur de la technologie de tous les temps en fusionnant avec SDL dans une transaction de 41G$ US (sur la base des cours du 7 juillet 2000) payée en actions. À son plus récent trimestre, SDL, spécialisée dans les composantes optiques, avait des revenus de 72M$US. Plus tard cette même année, JDS a radié pour 45G$ US en achalandage, une bonne partie reliée à l’achat de SDL. Aujourd’hui, 13 ans plus tard, JDS a une valeur boursière de 2,6G$US.

Il est intéressant de noter que la direction de JDS, pour expliquer sa transaction, avait expliqué qu’elle lui permettrait de faire des économies d’échelle… Hum, curieux….le communiqué du mois dernier ne mentionne pas les économies d’échelle, probablement perdues…

Bernard Mooney

 

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