Investir à un sommet?

Publié le 03/12/2014 à 09:23

Investir à un sommet?

Publié le 03/12/2014 à 09:23

Photo Bloomberg.

Le marché boursier est dominé par les craintes et les superstitions qui ont la vie longue. Pour bien des gens, la meilleure représentation de la Bourse c’est le manège des montagnes russes.

Ainsi, après avoir grimpé, grimpé et grimpé encore, il est certain qu’on doit se préparer pour la descente….et ainsi de suite….

Cette vision est tellement bien ancrée dans l’imaginaire que vous ne convaincrez personne en disant qu’il faut investir à long terme. Les gens vous répondront avec un ou deux exemples de fiascos horribles sur lesquels ils ont bâti leurs croyances et leurs préjugés (en conférence, j’entends encore des personnes me parler de Nortel).

Ainsi, lorsqu’on annonce des nouveaux sommets pour les principaux indices, la réaction de bien des épargnants est «….hoho…la Bourse est élevée, elle n’a plus de potentiel d’appréciation….et elle est due pour une débarque».

C’est complètement faux. Si je m’étais dit cela, après le premier sommet qui a suivi le creux de 2009, j’aurais manqué les quelque soixante autres sommets qui sont survenus depuis (sur la base du S&P 500). En fait, pour être plus précis, la Bourse américaine a terminé la semaine à un record 63 semaines différentes depuis 2009. Pensez-y un moment….si l’investisseur après la première semaine, rongé par la possibilité que ce soit LE sommet, avait décidé de tout liquider le lundi matin….

Pour le moins qu’on puisse dire, cet investisseur aurait laissé passer des gains phénoménaux.

Alors, qu’est-ce qui vous dit que ce n’est pas encore le cas aujourd’hui?

Je sais ce que quelques-uns d’entre vous me répondront : un jour, la Bourse va planter et je ne veux pas être là! Ouais, c’est vrai qu’un jour, il y aura baisse, mais ce n’est pas vraiment un argument rationnel. Car malgré tous les marchés baissiers de l’histoire, des krachs, des crises, l’indice Dow Jones, pour ne nommer que celui-là, a procuré un rendement annuel d’environ 5,4 % sans compter les dividendes depuis 100 ans.

Si vous prenez les données de Jeremy Siegel, vous arrivez à un rendement total (incluant les dividendes) de 8,1% de 1802 à 2012.

Dans ce sens, il est normal que la Bourse atteigne fréquemment ses sommets historiques parce qu’elle ne cesse de prendre la valeur. On pourrait même dire que les actions s’apprécient de 0,03 % par séance boursière (8 % divisé par 260 séances, sans tenir compte des quelques jours fériés dans une année). Ce qui est anormal, dans ce sens, c’est lorsque la Bourse ne s’apprécie pas.

En fait, pour être précis, vous ne voyez pas cette appréciation pour deux raisons. D’abord, la performance boursière est loin d’être linéaire…au lieu de ce beau 0,03% régulier séance après séance vous avez des jours de forte progression, suivis de jours négatifs et d’autres séances marquées par le surplace.

La Bourse peut, pendant certaines périodes, offrir des rendements beaucoup plus élevés que sa performance historique et lors d’autres périodes qui peuvent durer des années avoir des rendements nuls, voire très négatifs. Mais toujours, elle a tendance à revenir à sa performance historique.

L’autre raison c’est que toute l’attention étant portée aux fluctuations boursières, les investisseurs oublient ce qui crée la richesse en Bourse et explique l’appréciation à long terme des actions. C’est pourtant assez simple : les entreprises ouvertes réalisent des profits, dont une partie est versée aux actionnaires et l’autre partie est réinvestie pour augmenter leur rentabilité. C’est ce qui fait que les sociétés s’apprécient année après année.

La Bourse ne fait que refléter cette appréciation.

Il n’y a donc pas de raison d’avoir peur des sommets en Bourse.

Bernard Mooney

 

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