Fonds: regardez plus loin que l'étiquette

Publié le 15/03/2012 à 10:04

Fonds: regardez plus loin que l'étiquette

Publié le 15/03/2012 à 10:04

BLOGUE. La popularité d’Apple pousse de nombreux gestionnaires à l’inclure dans leur portefeuille même si cela trahit leur mandat. Ce qui est un rappel aux épargnants de ne jamais se fier à l’appellation d’un fonds commun, ni même à ses objectifs tels que décrits dans le prospectus.

En effet, selon une étude publiée dans le Wall Street Journal d’hier et faite par Morningstar et Ipreo Holdings, il y a au moins 50 fonds à petite et moyenne capitalisation qui détiennent des actions d’Apple. Cette société, avec une valeur boursière de 550 milliards de dollars US, est la plus importante au monde, selon ce critère. Le titre ne devrait donc pas se retrouver dans un fonds dédié aux titres à petite capitalisation!

Également, 40 fonds spécialisés dans les dividendes ont du Apple, même si le titre ne paie aucun dividende! Apple est la plus importante position pour un de ces fonds. Il y a même un fonds d’obligations à rendement élevé qui détient du Apple….

Comme quoi un fonds peu détenir à peu près n’importe quel titre peu importe ses objectifs et son nom.

Remarquez que cela ne contrevient pas à la réglementation, les gestionnaires ayant une marge de manœuvre quant au respect de leur mandat. Par contre, cette pratique peut être dangereuse.

«Le gestionnaire d’un fonds d’actions à capitalisation moyenne viole sa raison d’être lorsqu’il achète du Apple», lance franchement John C. Bogle, fondateur de Vanguard Group, spécialisé dans les fonds indiciels. M. Bogle s’inquiète du fait que bien des détenteurs de ces fonds n’ont aucune idée qu’ils possèdent une participation dans Apple. Ils ont probablement investi dans ce type de fonds justement pour diversifier leur portefeuille à l’extérieur des titres de grande capitalisation comme Apple.

Il est vrai que le fait que le titre d’Apple s’apprécie constamment depuis quelque temps le rend attrayant, voire irrésistible pour bien des gestionnaires et bien des investisseurs. Ce n’est pas une raison pour acheter, évidemment…

Le titre a presque sextuplé depuis le creux de 2009.

Les gestionnaires sont habiles à rationaliser leurs décisions. Si vous détenez des titres non conformes à vos objectifs et que ces titres performent bien, comme Apple, les détenteurs seront conciliants. Par contre, si ces titres s’effondrent, ouf, bien des investisseurs seront très fâchés et avec raison.

Reste que c’est une pratique qui provoque réflexion et qui devrait inciter les épargnants qui achètent des fonds à pousser plus loin leur analyse. Ils ne devraient pas se limiter à étudier les grandes caractéristiques des fonds qu’ils considèrent pour leur portefeuille. Ils auraient avantage à étudier aussi le portefeuille complet de chaque fonds pour tenter de savoir jusqu’à quel point le fonds correspond à leurs objectifs personnels.

Bernard Mooney

 

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