Écoutez Warren Buffett lorsqu'il parle

Publié le 23/11/2013 à 00:00

Écoutez Warren Buffett lorsqu'il parle

Publié le 23/11/2013 à 00:00

Lors de mes dernières années à Les Affaires, des patrons et certains collègues trouvaient que j'écrivais trop souvent sur Warren Buffett dans mes chroniques. Et je me faisais souvent tirer la pipe à ce sujet.

Au point où j'avais annoncé haut et fort un moratoire : je n'écrirais plus sur M. Buffett... jusqu'à la prochaine fois.

Il est vrai que je traite souvent de l'oracle d'Omaha. Je plaide coupable. J'estime que ma première mission est d'aider mes lecteurs, que je considère comme mes clients. Je pense donc d'abord et avant tout à leur rendre service. Et selon moi, partager la sagesse de cet investisseur et homme d'affaires prodigieux est un moyen efficace d'atteindre mon but.

Achetez lorsqu'il le fait !

De plus, comme je le disais à cette époque, je crois que, malgré sa réputation, Warren Buffett demeure «sous-évalué» en ce sens qu'il est encore plus exceptionnel qu'on ne le croie généralement. Et malgré tout ce qui a été écrit sur lui, il est souvent mal compris. Il y a maintenant cinq ans, le président de Berkshire Hathaway a pris la peine d'écrire un éditorial publié dans le quotidien américain The New York Times. C'était le 16 octobre 2008. Vous vous rappelez le contexte : en pleine récession, en pleine crise financière devrais-je dire, les Bourses dégringolaient chaque jour sous la crainte, voire la panique.

Le message de Warren Buffett était : achetez !

Ouf.

Maintenant, comment réagissez-vous lorsque le plus grand investisseur de tous les temps vous dit ouvertement d'acheter ? Est-ce que les investisseurs ont acheté après ce coup d'envoi officiel ?

Mais non, vous voulez rire.

Je me rappelle qu'autour de moi, bien des gens se moquaient de M. Buffett. «Le vieux (78 ans à cette époque) a perdu le contact avec la réalité», s'exclamaient-ils. D'autres disaient que ce n'était qu'un geste politique, pour tenter d'appuyer son «ami» Barack Obama, tandis que d'autres ajoutaient qu'il ne faisait que prêcher pour sa paroisse, avec ses milliards de dollars investis en Bourse.

De mon côté, je connaissais bien Warren Buffett et je savais que, s'il faisait cela, c'était parce qu'il était convaincu. Je savais également que pendant sa brillante carrière il avait très rarement élevé le ton concernant les perspectives boursières (il n'en a rien à faire). Mais que chaque fois qu'il le faisait, il fallait écouter très attentivement.

Ses sorties de 1974 et 1999

Par exemple, son article paru dans Fortune en 1999 était un avertissement clair que de nombreuses années de vache maigre attendaient les investisseurs. Là encore, la réaction d'un très grand nombre de personnes a été de le considérer comme étant complètement dépassé par la nouvelle économie, l'accusant entre autres d'avoir totalement «raté» le boom de l'Internet.

Ai-je besoin de vous rappeler que la décennie qui a suivi a été parmi la pire de tous les temps ? Ce qui est conforme à ce qu'on pouvait lire entre les lignes de son article de 1999.

En 1974, lors d'une entrevue accordée au magazine Forbes, M. Buffett avait déclaré qu'il se sentait comme un gars en manque de sexe dans un harem lorsqu'il considérait la Bourse, avant d'ajouter : «c'est le moment de commencer à investir». Il terminait l'entrevue en disant : «C'est le moment d'investir et de devenir riche».

L'indice Dow Jones était à moins de 600 à ce moment. Si vous regardez un graphique à long terme, vous constaterez que c'est pratiquement le creux parfait pour le marché, précédant plus de 20 années prospères.

Ces exemples frappants m'avaient convaincu qu'il fallait écouter Warren Buffett lorsqu'il prenait la peine de parler.

Enfin, je savais aussi que M. Buffett ne parlait que pour le long terme. Il n'a jamais tenté de prédire l'état de la Bourse à court terme.

Avec le recul, on peut s'entendre pour dire que ce qu'il a prédit était brillant et juste.

Lors de la parution de son édito dans le New York Times en 2008, la peur était très répandue, frappant même les investisseurs aguerris.

Mais ceux qui ont écouté Warren Buffett sont bien contents aujourd'hui, malgré le côté pénible des semaines qui ont suivi. Ce n'est que quatre mois plus tard que le marché boursier a atteint son creux historique (il n'a jamais mentionné que la Bourse ne baisserait plus à court terme). Depuis, l'indice Dow Jones a presque doublé (+ 88 %) tandis que le S&P 500 a bondi de 97 %.

Vraiment, il est payant d'écouter très attentivement lorsque Warren Buffett parle.

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