Duracell : bel exemple d'opportunisme de Buffett

Publié le 13/11/2014 à 10:25

Duracell : bel exemple d'opportunisme de Buffett

Publié le 13/11/2014 à 10:25

[Photo : Bloomberg]

L’acquisition de Duracell par Berkshire Hathaway, société de Warren Buffett, est petite toutes proportions gardées, mais elle illustre bien comment travaille le grand investisseur. Rappelons que M. Buffett a accepté d’acheter le fabricant de batteries Duracell, propriété de Procter and Gamble (P&G), pour 4,7 milliards de dollars (G$) US. Avant la clôture, P&G fournira 1,8G$US en liquidité pour la recapitaliser.

En fait, cette transaction est davantage un échange. En effet, Berkshire Hathaway cèdera des actions de P&G qu’elle a dans son portefeuille pour une valeur de 4,7G$US en échange de Duracell, recapitalisée.

Pour P&G, la transaction se situe dans le cadre de sa restructuration en vertu de laquelle Procter veut miser uniquement sur ses plus importantes marques de commerce. L’objectif est de vendre ou se désinvestir de la moitié de ses marques. Il y a moins d’un mois, la direction avait annoncé qu’elle avait ainsi décidé de ne pas conserver Duracell.

Du côté de Berkshire, elle ajoute une société active dans le monde entier, dominante et avec une marque de commerce renommée. De plus, M. Buffett pour avoir été longtemps actionnaire de Gillette et ensuite de P&G connaît très bien Duracell (Gillette a acheté Duracell en 1996 avant d’être achetée par P&G en 2005).

Par ailleurs, du premier coup d’œil, l’investisseur légendaire ne semble pas avoir payé le gros prix. Selon le Wall Street Journal, les revenus de Duracell seraient d’environ 2,2G$US par année, ce qui signifie que Warren Buffett paie un peu plus de deux fois les revenus. Si vous soustrayez l’encaisse fournie par P&G, vous arrivez à 1,3 fois les revenus (ce qui est spéculatif car on ne connaît pas l’autre côté du bilan de Duracell).

L’autre aspect intéressant, c’est que Berkshire paie avec des actions de P&G. La direction de cette dernière explique que cela a été fait pour minimiser l’impact fiscal pour elle. Selon les calculs de P&G, elle vend Duracell pour l’équivalent de 9,0 fois ses bénéfices d’exploitation («ebitda») sur la base de la valeur comptant et 7,0 fois sans tenir compte de l’impact fiscal. C’est ce dernier chiffre qui est significatif pour Berkshire et sur cette base, l’achat semble peu cher.

À titre comparatif, P&G se vend environ à 12 fois ses profits d’exploitation. De toute évidence, Warren Buffett a fait preuve d’opportunisme pour «soulager» P&G de Duracell.

Au 30 juin, Berkshire Hathaway avait 52,8 millions d’actions de P&G. M. Buffett en a vendu 24 millions en 2012. Si la clôture de la transaction se faisait ce matin, Berkshire cèderait pratiquement toutes ses actions pour mettre la main sur Duracell.

Enfin, la transaction est peu importante pour la société de M. Buffett. On parle de 2G$US de revenus, ce qui augmentera son chiffre d’affaires annuel d’environ 1%. Reste qu’il ajoute une société privée à son domaine sans toucher à ses milliards en encaisse…

Bernard Mooney

 

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