Dollarama et les ventes d'initiés

Publié le 21/01/2010 à 08:00

Dollarama et les ventes d'initiés

Publié le 21/01/2010 à 08:00

Blogue. Un lecteur m’a envoyé un message, sur un ton approchant la panique :

« J'ai des actions de Dollarama et j’ai lu que les actionnaires importants vendent massivement. Qu'en pensez-vous?

Dois-je imiter ces initiés ? »

Je sais exactement ce à quoi cet investisseur fait référence. On a fait grand état de la vente prévue de plusieurs millions d’actions de Dollarama, entre autres de la part de Bain Capital, la société de capital privée qui est aussi son principal actionnaire.

Le traitement médiatique des ventes d’initiés est toujours aussi mauvais. Et je sais pourquoi.

Les journalistes réagissent en journalistes et non en investisseurs. Lorsqu’ils voient un gros montant réalisé à la suite d’une vente d’actions, ils en font une manchette, avec en sous-entendu que les dirigeants vendeurs savent quelque chose de très négatif. Souvent, il n’y a même pas de sous-entendu.

Je vous dirais que c’est une grave erreur de vendre ses actions uniquement parce que des dirigeants vendent.

Il est certain qu’en tant qu’investisseur, j’aimerais mieux que les dirigeants achètent. Mais, souvent, ils ont une machine à créer des actions (le conseil d’administration) par le biais des stocks-options et ils sont ainsi poussés à vendre.

Si j’avais la possibilité de me faire émettre des actions année après année, je serais moi aussi fort probablement tenté de vendre de temps en temps, même si je crois encore au potentiel fabuleux de mon entreprise.

De plus, la grande difficulté lorsqu’un initié vend, c’est de connaître ses raisons exactes. C’est possible qu’il vende parce qu’il croit que les perspectives sont moches ou que le titre est bien trop cher.

Mais c’est tout aussi possible qu’il vende parce qu’il se fait bâtir un château sur le bord du lac Memphrémagog ou parce qu’il veut payer un voyage en Espagne à sa maîtresse.

Et là, avouez avec moi, que cela ne dit pas grand chose sur les perspectives de la compagnie!

Dans le cas spécifique de Dollarama, la vente d’actions par Bain mérite à peine un haussement d’épaule. En effet, vendre fait partie de la stratégie de sortie des sociétés de capital de risque comme Bain. C’est normal et inévitable.

Sur cette base, vous n’auriez jamais acheté des actions de Shoppers lorsque son actionnaire principal, KKR, a vendu. Et cela aurait été une erreur tragique.

En fait, peu importe les initiés, avant de vendre, il faut faire son travail d’investisseur et analyser le potentiel de croissance de la société à long terme par rapport à son évaluation.

Bernard Mooney

 

 

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