Déficits et dette, pas les vrais problèmes

Publié le 03/06/2014 à 08:51

Déficits et dette, pas les vrais problèmes

Publié le 03/06/2014 à 08:51

L’imminent budget du nouveau gouvernement provincial québécois est devancé d’un immense tapage concernant l’importance ultime de juguler le déficit et surtout l’endettement énorme du Québec. Sinon, ce sera la catastrophe…

Ouais, sauf que…

Avant d’aller plus loin, je vous parie d’emblée que le gouvernement libéral accouchera d’une souris, comme c’est le cas de chaque gouvernement depuis des lunes. Et c’est là mon point.

Si vous faites les calculs de la dette québécoise par rapport à la grosseur de notre économie (je vous fais grâce des chiffres), vous n’arrivez pas à une proportion dangereuse, loin de là. De même, si vous prenez le déficit de 2012-13, disons deux milliards de dollars (G$), ce n’est pas non plus si affolant par rapport à notre économie.

Le problème, autant dans le cas de la dette que celui du déficit, est dans la tendance. En effet, dans notre genre de société, on devrait accepter les déficits et d’accumuler de la dette en période de récession, pour compenser les temps difficiles. Dès le retour de la prospérité, on devrait couper cette stimulation et cesser de s’endetter.

Mais ce n’est pas ce qui arrive. Les politiciens sont incapables de mettre le pied sur le frein. Et contrairement à ce qu’on pense, le principal ingrédient pour éliminer déficits et dettes est la discipline. La recette est en fait assez simple : ne jamais accroître les dépenses publiques plus que la croissance de l’économie.

Voyez ce qui serait arrivé si le Québec avait fait cela à partie de l’exercice fiscal 2003-2004 jusqu’en 2014. « Grâce au contrôle des dépenses, au lieu d’un déficit de 2,5 milliards

de dollars le gouvernement aurait disposé d’un impressionnant surplus de 15,2 milliards de dollars durant l’année fiscale qui vient de se terminer. Fait notable, le gouvernement du Québec aurait traversé la dernière récession sans enregistrer un seul déficit», écrit Youri Chassin, de l’Institut économique de Montréal, dans une étude récente.

Que s’est-t-il passé à la place? L’État a continué de grossir par rapport à l’économie québécoise. Durant cette période, l’économie a crû de 39,6% alors que les dépenses publiques ont augmenté 66,9% et les revenus de 65,6%.

La crise est dans le manque de courage systématique de nos politiciens, incapables de dire non aux demandes illimitées des citoyens, motivés principalement par leur désir de se faire réélire.

En passant, il n’est pas trop tard. En fait, le contexte est idéal dans un sens, étant au premier budget d’un tout nouveau gouvernement solidement majoritaire. De plus, les gens s’attendent à un coup de barre sérieux. Mais si l’expérience passée est un guide, nous serons déçus.

Bernard Mooney

 

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