Mooney: Faut-il craindre un «François Bugingo» financier?

Publié le 31/05/2015 à 16:16

Mooney: Faut-il craindre un «François Bugingo» financier?

Publié le 31/05/2015 à 16:16

(Photo: Shutterstock)

Plusieurs personnes m’ont demandé, certaines avec insistance, ce que je pensais de l’affaire François Bugingo, ce journaliste qui a avoué avoir «romancé» certains reportages d’actualité internationale.

Je les ai probablement déçus en leur répondant que j’en pensais pas grand chose. En fait, j’ai seulement mentionné que j’étais surpris qu’on soit surpris d’un tel événement.

Par contre, cela m’a fait réfléchir sur le travail des médias et son importance dans la vie des investisseurs.

Ce n’est pas parce que je suis journaliste financier depuis 1986 que je suis tendre envers les médias. Toutefois, même si je suis très critique, je ne pense pas que les investisseurs devraient craindre de se faire prendre dans le même genre de problème que celui de l’affaire Bugingo. Ce que vous devriez craindre est d’une autre nature.

Certes, le travail des journalistes financiers n’est pas sans faiblesse. Je suis toutefois mal placé pour faire leur critique. Par contre, je peux vous parler de ma propre expérience. Car si je me regarde dans le miroir, froidement, je peux vous avouer qu’il m’est arrivé d’induire les lecteurs en erreur.

Lors de la première partie de ma carrière, j’écrivais une rubrique appelée «La revue des marchés» dans laquelle, à chaque semaine, j’écrivais sur ce qui se passait à la Bourse et dans les marchés financiers en général. Trop souvent, le ton de cette rubrique laissait croire aux lecteurs que, moi, je savais ce qu’allait faire la Bourse dans les prochaines semaines ou les prochains mois.

J’ai aussi écrit des reportages fort positifs sur des entreprises de qualité médiocre dont le ton envoyait aux lecteurs le message «vous devriez acheter des actions».

Aujourd’hui, je sais que ces textes méritent d’être brûlés sur le bûcher de l’inexpérience, de l’arrogance et de la jeunesse.

Je sais pertinemment que l’écrit médiatique a une certaine puissance autoritaire. Par conséquent, j’ai certes influencé des lecteurs à acheter ou vendre, trop souvent pour des raisons douteuses (selon mon regard d’aujourd’hui).

Si je le pouvais, je m’excuserais auprès de chacun de ces lecteurs (hormis le fait que ces lecteurs sont responsables ultimement pour leurs décisions).

Mon regard froid sur ma carrière comprend aussi la réalité qu’en deuxième partie, fort d’une plus grande expérience, j’ai cherché minitieusement à corriger le tir. J’ai ainsi mis l’accent sur l’informaton fondamentale et l’éducation financière, au point d’en faire une mission. Je crois que j’ai réussi en grande partie à corriger mes erreurs de débutant (au moins, laissez-moi cette illusion!).

Je vous dirais en conclusion que dans le domaine boursier, vous devez moins craindre les «faussaires» à la Bungingo que ces chroniqueurs et journalistes qui écrivent avec autorité et conviction alors qu’ils n’ont qu’une connaissance partielle et partiale de la complexe réalité du placement. Ils sont dangereux car ils vous influencent pernicieusement.

Vous devriez rechercher ces journalistes qui pensent en investisseur et qui traitent l’information financière en conséquence. Sans oublier de vérifier vous-même les faits, de faire vos propres recherches et prendre vos décisions loin des bruits médiatiques.

Ultimement, vous êtes responsable de votre succès, ce qui est une réalisation grandiose !

Bernard Mooney

P.S. La réalité économique relativement précaire des médias aujourd’hui leur complique la vie. Malgré cela, un bon travail de réflexion sur leurs processus s’impose à mon avis. Bm

 

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