Comment Keynes investissait

Publié le 03/04/2012 à 08:09, mis à jour le 03/04/2012 à 09:02

Comment Keynes investissait

Publié le 03/04/2012 à 08:09, mis à jour le 03/04/2012 à 09:02

BLOGUE. John Maynard Keynes a fait sa marque comme économiste, mais il était également un investisseur exceptionnel, parmi les meilleurs de tous les temps. Dans un article publié dans le Wall Street Journal du week-end, l’excellent chroniqueur Jason Zweig raconte comment M. Keynes a réussi à battre le marché.

De 1924 à 1946, Keynes, en tant que gestionnaire du portefeuille du King's College à Cambridge, a battu le marché boursier britannique d’une moyenne de 8% par année, en tenant compte du risque (selon une étude faite par David Chambers et Elroy Dimson, des professeurs de finance respectivement de l’Université de Cambridge et du London Business School).

Pendant la même période, M. Keynes a écrit de nombreux livres et a été très actif comme économiste pour tenter d’améliorer le système monétaire mondial.

En passant, la période couvre la dépression et la deuxième guerre mondiale.

M. Keynes a commencé sa carrière d’investisseur en tentant de profiter des grandes tendances macro-économiques, ce qui est normal étant donné sa formation. Il a ainsi tenté de faire de l’argent en achetant et vendant devises et matières premières. En tant qu’administrateur de la Banque d’Angleterre, on peut penser qu’il était aux premières loges pour réussir.

Pas vraiment parce que John M. Keynes n’a pu réussir à mieux faire que le marché jusqu’en 1928. Il a ainsi fait un changement radical d’approche devenant un chasseur d’aubaines, visant principalement les titres à petite capitalisation et de taille moyenne.

De plus, il n’avait pas peur de se concentrer énormément dans une seule industrie si il la croyait nettement sous-évaluée. Il avait par exemple 66% de son portefeuille dans les titres miniers en 1936.

De plus, il avait tendance à investir à long terme, détenant ses titres en moyenne pendant plus de cinq ans.

Selon les professeurs de finance qui ont analysé ses résultats, le plus grand avantage de M. Keynes en tant qu’investisseur est le fait que le conseil du King’s College le laissait complètement libre de faire ce qu’il voulait.

Je termine en posant cette question banale : si un génie comme John Maynard Keynes a été incapable de réussir avec l’approche «macro», comment peut-on, de notre sous-sol, avoir l’arrogance de penser qu’on peut y réussir?

Bernard Mooney

P.S. «Par rapport à leurs prédécesseurs, les investisseurs modernes se concentrent trop sur la performance annuelle, trimestrielle ou même mensuelle de leurs placements – et trop peu sur le rendement du dividende et la valeur intrinsèque.» John M. Keynes. Remplacer «mensuelle» par «quotidienne» ou par «minute par minute» et vous avez l’investisseur d’aujourd’hui…BM

 

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