Chine: grosse croissance, petits rendements

Publié le 23/09/2014 à 09:41

Chine: grosse croissance, petits rendements

Publié le 23/09/2014 à 09:41

[Photo : Bloomberg]

De temps en temps, vous lirez que tel stratège recommande d’investir dans tel pays (le plus souvent un de ces pays dits émergents) en raison de la forte croissance de son économie. C’est une idée à l’apparence attrayante, mais qui est dangereuse.

C’est encore plus vrai avec l’avènement et l’explosion des fonds négociés en Bourse (FNB).

Et il n’y a pas de meilleurs exemples de cela que la Chine.

Depuis un mois, l’indice SSE composite, soit l’indice de la Bourse de Shanghai, a bondi d’environ 10% à 2300. C’est bien, mais si vous regardez un peu plus à long terme, cette performance n’est pas impressionnante. L’indice se retrouve à ses sommets de 2012 et de 2013. Et, pire, il est sous son sommet de 2009 et très, très loin de son sommet de tous les temps atteint en octobre 2007 à près de 6000.

Si vous avez acheté à ce point culminant de l’euphorie pour la Chine, vous avez encore une perte de plus de 60%, sept longues années plus tard.

En fait, si vous regardez à plus long terme encore, vous constatez que l’investisseur boursier chinois n’a pas vraiment été récompensé pour les risques qu’il a pris.

L’indice de Shanghai est juste un peu plus élevé de ce qu’il était en juin 2001, il y a plus de 13 années de cela.

Ce qui peut paraître curieux, c’est que pendant toutes ces années, l’économie chinoise n’a jamais connu de récession, du moins pas dans le sens qu’on la définit. Certes, elle a vu son rythme de croissance baisser depuis quelques années, sous les 8%, mais on s’entend que cela reste une croissance étincelante, peu importe vos points de comparaison.


« Il y a tout un univers entre la croissance économique et les bénéfices des entreprises. Ce qui soutient et nourrit la Bourse, c’est la croissance des profits. »

La mauvaise performance de la bourse chinoise s’explique par au moins deux facteurs. D’abord, elle a vécu une bulle au début des années 2000 jusqu’à la récession américaine de 2007. Un peu comme les titres technos du Nasdaq en 1998-99, tous les investisseurs de la planète voulaient profiter de la vague chinoise. Ce qui a fait exploser les cours boursiers des titres chinois (entre autres, car la vague a aussi inclus les secteurs reliés aux ressources naturelles).

Ainsi, si vous prenez comme point de référence ce sommet exceptionnel, vous arriverez nécessairement à une performance décevante de la bourse chinoise, peu importe ce que fera son économie. Et ce sera encore le cas pour de nombreuses années encore.

L’autre facteur est plus fondamental et s’applique à toutes les économies. C’est que la croissance du produit intérieur brut (PIB) d’un pays ne nous dit absolument rien sur la rentabilité des entreprises de ce pays. Par exemple, une bonne partie de la croissance économique chinoise repose sur le secteur de la construction et de l’immobilier. Le gouvernement a encouragé les projets de développement uniquement pour stimuler son économie et procurer de l’ouvrage à son monde.

La Chine a donc bâti des villes entières, plusieurs étant encore pratiquement désertes plusieurs années plus tard. Ces investissements ont dopé le PIB chinois, mais leur rentabilité approche le zéro.

Il y a donc tout un univers entre la croissance économique et les bénéfices des entreprises. Or, ce qui soutient et nourrit la Bourse, c’est la croissance des profits.

Souvenez-vous en la prochaine fois qu’on essaiera de vous vendre l’idée d’acheter un pays parce qu’il croît rapidement!

Bernard Mooney

P.S. Les FNB sont devenus de véritables pièges-à-con pour ce type de placement…

 

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