Ces aubaines irrésistibles...

Publié le 05/01/2012 à 09:37

Ces aubaines irrésistibles...

Publié le 05/01/2012 à 09:37

Blogue. Quand c’est trop beau pour être vrai, dit le dicton, mieux vaut faire attention. C’est la bonne attitude à prendre lorsqu’on tombe sur un titre si peu cher qu’il semble irrésistible.

Dans ces cas, il est bon de se demander si au lieu d’acheter une aubaine, on n’achète pas vraiment un mal de tête!

C’est la réaction que j’ai eu en lisant que le détaillant Best Buy était une superbe aubaine. Selon Bloomberg, le spécialiste de l’électronique se vend à seulement 3,6 fois ses fonds autogénérés libres (FAL), le plus bas ratio parmi les détaillants qui ont une valeur boursière d’au moins d’un milliard de dollars (G$) US.

Best Buy a perdu 33% de sa valeur l’an dernier (plus de 50% en deux ans) alors que ses résultats ont déçu. Ses ventes comparables ont baissé à cinq de ses six derniers trimestres alors que ses bénéfices ont rarement atteint les attentes. Ça en fait un titre délaissé, mais pas sans raison.

À 23$ US le titre se vend 7,3 fois les profits prévus pour l’exercice se terminant en février 2012 et 6,1 fois ceux de 2013. Selon Bloomberg, Best Buy a généré 2,4G$ US en FAL lors de la dernière année alors qu’elle a une valeur boursière de 8,4G$ US, ce qui donne un ratio de 3,5 fois.

Le bilan est sain alors que la chaîne de 4 000 magasins a plus de 2G$ US en encaisse et une dette à long terme inférieure à ce montant. De plus, Best Buy a racheté pour 1,2G$ US de ses actions, soit 41,8 millions d’actions, à trois derniers trimestres.

Ce sont des chiffres qui attirent des chasseurs d’aubaines. Par contre, la situation compétitive de Best Buy est loin d’être rassurante. Le détaillant se bat contre des géants traditionnels comme Wal-Mart, ce qui est loin d’être facile. Toutefois, c’est le nouvelle génération qui le menace vraiment à long terme. Je vous résumerai cette menace en deux mots : Amazon.com et Apple.

Une grande partie du marché de l’électronique se déplace vers l’Internet dominé par Amazon. Les efforts de Best Buy sur ce terrain n’ont pas encore donné de résultats et ne retenez pas votre souffle. Les détaillants traditionnels ne comprennent rien à l’Internet, à l’image des éditeurs traditionnels!

En plus, le grand aimant dans le monde de l’électronique c’est Apple dont les produits dominent pratiquement tous les segments intéressants. Et Apple a des boutiques qui à elles seules sont des rouleaux compresseurs tellement leurs résultats sont exceptionnels. Autant des ventes que des marchands comme Best Buy perdent.

La direction de Best Buy réagit de la bonne façon à mon avis, annonçant son intention de réduire de 10% la superficie totale de ses magasins grande surface aux États-Unis dans les trois à cinq prochaines années. Ce n’est pas le temps de penser à la croissance.

Il y a toutefois une limite au contrôle des dépenses. À long terme, Best Buy doit affronter de plus en plus de compétition, en partie de sociétés qui acceptent des marges nettement inférieures, des marges qui sont historiquement peu élevées. Il y a donc de bonnes raisons de s’inquiéter, lorsqu’on regarde quelques années devant.

Ce n’est donc pas pour rien que le titre est à sept fois les profits. Alors, Best Buy, aubaine ou mal de tête?

Bernard Mooney

 

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