WWDC 2017: Apple a décidé de miser quitte ou double sur Siri

Publié le 05/06/2017 à 17:10

WWDC 2017: Apple a décidé de miser quitte ou double sur Siri

Publié le 05/06/2017 à 17:10

La nouvelle enceinte HomePod d'Apple. (Photo: Apple)

L'enceinte connectée HomePod, un iPad Pro. et un iMac Pro. À quand un iPhone Pro?

À 2h30 bien tassées, la traditionnelle présentation d’ouverture de la conférence des développeurs d’Apple, alias la WWDC, a pris plus de temps que prévu. Même en se relayant sans cesse sur scène, les dirigeants de Cupertino semblaient parfois fébriles, parfois carrément essoufflés, tellement il y avait de thèmes forts à présenter.

Si on doit en retenir les plus importants, ce sont ceux-là : Apple tente une première incursion formelle et officielle dans la réalité augmentée et la réalité virtuelle ; avec un nouvel iMac Pro et un nouvel iPad Pro, elle prolonge sa stratégie de domination dans les marchés de l’informatique haut de gamme, où les marges sont les plus généreuses ; et Siri compte bien donner la réplique à Alexa, d’Amazon, dans le marché tout naissant des enceintes connectées pour la maison.

Mis en vente à 349 $US dès décembre, le HomePod est une enceinte au son riche et puissant qui permettra à Apple de mieux renforcer son écosystème d’appareils connectés pour la maison, et d’attirer des clients d’Amazon et de Spotify vers Apple Music.

AR Kit

Apple entre dans le monde de la réalité mixte par la grande porte. Avec sa trousse logicielle AR Kit, elle offre aux développeurs la possibilité de créer des logiciels et des applications pour Mac, iPad et iPhone qui tireront profit de ce créneau émergent. Apple réagit ainsi à la percée de Microsoft dans ce domaine, qui continue d’en rajouter avec Windows 10 et son association avec plusieurs fabricants de casques de RV et de périphériques en tout genre.

Pour y parvenir, Apple appuie fort sur la plaie béante dans la stratégie de son rival de Redmond : l’absence d’un véritable appareil mobile animé par Windows 10. Grâce au iPhone, Tim Cook peut non seulement promettre un environnement de réalité augmentée mobile aux adeptes de jeu vidéo, le PDG d’Apple peut aussi livrer la marchandise, chose que son homologue Satya Nadella n’a pas encore pu faire.

Cette nouveauté donnera un coup de pouce à HTC, puisque sur Mac, le seul casque actuellement supporté par cette nouvelle trousse logicielle est le HTC Vive.

Parlant des Mac, on a vu défiler quelques nouveaux appareils sur scène, à San Jose. La véritable nouveauté est évidemment l’iMac Pro, doté d’un superbe écran de 25 pouces et de 8, 10 ou 18 processeurs, au choix. Sa fiche technique a non seulement de quoi faire baver les amateurs de performance, elle pourrait bien faire oublier le Mac Pro, l’autre appareil de bureau dont la dernière génération a déçu les inconditionnels.

L’iMac Pro se détaillera à partir de 5000 $US.

iPad Pro

Les deux iPad Pro déjà en marché sont remplacés par deux modèles plus polyvalents. Une tactique audacieuse pour Apple, qui se butera sans doute à une clientèle blasée dans un créneau en panne de croissance depuis deux ans.

En offrant plus de pixels, plus de puissance et, dans l’ensemble, une expérience plus raffinée, les nouveaux iPad Pro, et surtout le modèle à écran de 10,5 pouces, ressemblent de plus en plus à des ordinateurs sans clavier. Ce n’est certainement pas une coïncidence si iOS 11 ajoutera, dès l’automne, de nouvelles fonctions logicielles comme un gestionnaire de fichiers, une fonction de glisser-déposer pour divers documents et un mode multi-fenêtre amélioré : l’idée est de chatouiller les acheteurs qui hésitent devant une tablette Surface, de Microsoft, ou un autre de ces PC hybrides à clavier détachable.

Ce qu’Apple doit faire, maintenant : convaincre les acheteurs, surtout les acheteurs canadiens, de débourser une petite fortune pour se procurer un nouvel iPad Pro. Sans clavier, ni stylet, le modèle de base coûte 869 $. Un iPad Pro de 12,9 pouces coûtera 1049 $. Pour équiper l’appareil d’un stylet (129 $) et d’un clavier (219 $), il faudra donc allonger 1250 $ au bas mot.

HomePod: Siri en cage

S’il y avait une annonce plus attendue que les autres aujourd’hui, c’était bien celle de l’enceinte HomePod. Peu de gens, par contre, auraient misé sur un tel nom... La plupart des rumeurs pointaient vers une «enceinte Siri», donc on imaginait que l’appareil refléterait davantage cette caractéristique que celle d’une extension musicale à un iPhone ou un iPad.

L’enceinte HomePod se commande toutefois par la voix, ce qui doit expliquer son lancement initial limité à trois marchés exclusivement anglophones : États-Unis, Grande-Bretagne, Australie. Siri doit apprendre à bien vivre dans l’environnement rarement idéal d’une maison, où toute la famille voudra sans doute lui parler, afin de contrôler la musique en cours de lecture, afin d’allumer la lumière, ou de gérer les stores à commande WiFi du salon.

Après cela, sans doute verra-t-on Apple élargir son offre à tous les pays, et toutes les langues que Siri peut comprendre et parler sur iPhone, iPad ou même sur Mac.

Il faudra voir à quelle vitesse Apple entrera dans ce marché, que Phil Schiller, vice-président d’Apple, voit comme une combinaison des enceintes Sonos et de l’Echo d’Amazon. La popularité imprévue de l’enceinte d’Amazon a sûrement pris Apple de court, mais ce succès est un indicateur d’une tendance qu’Apple connait déjà très bien, puisqu’avec Alexa, Amazon fait exactement ce qu’Apple a su faire avec son premier iPhone : ouvrir une toute nouvelle plateforme aux développeurs de produits et services connectés.

Apple n’a pas pipé mot aux 5300 développeurs présents dans la salle du potentiel de son HomePod en tant qu’élément central de son écosystème d’appareils, mais ceux-ci le savent certainement déjà.

Si Apple joue bien ses cartes avec son HomePod, peut-être vient-on de trouver le prochain vecteur de croissance pour Cupertino. Un appareil qui peut être populaire à lui seul, mais qui pourrait facilement générer un effet de traction sur les autres produits de la gamme.

Reste à voir comment Siri gérera cette promotion soudaine. Et si elle saura supporter les ambitions d’une société qui, en Bourse, vaut déjà quelque 800 milliards $US.

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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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