Surface Go : Microsoft déclare la guerre à Apple dans les écoles

Publié le 31/07/2018 à 14:11

Surface Go : Microsoft déclare la guerre à Apple dans les écoles

Publié le 31/07/2018 à 14:11

La Surface Go de Microsoft, connectée à un moniteur externe. (Photo: Alain McKenna)

Les statistiques sont plus éloquentes quand on prend la chose du point de vue des États-Unis : dans le (lucratif) marché des appareils informatiques destinés au secteur scolaire, la part du lion revient à… Google. Ses Chromebook comptent pour 60% des appareils mobiles vendus à travers le système scolaire élémentaire et secondaire américain.

Microsoft arrive second, avec 26% de ce marché et Apple, troisième, à 14%. Détail intéressant : Apple a perdu du terrain dans ce marché l’an dernier, alors que Microsoft en a gagné, selon des données compilées par le site Statista à ce propos :

USA

C’est pourquoi plus tôt cette année, Apple a procédé au lancement de son plus récent iPad dans une école de Chicago. Une façon de passer le message que cet appareil devrait bien faire dans les classes de collègues et de polyvalentes nord-américaines.

Personne ne veut dire publiquement où se situe le marché scolaire canadien ou même québécois. Tant Apple que Microsoft refusent de citer un chiffre. Dans le monde, à l’extérieur des États-Unis, c’est pourtant Microsoft qui domine, son logiciel Windows comptant pour les deux tiers du mobilier informatique installé (selon la firme Futuresource) :

monde

Surface Go!

Cette semaine, à temps pour que les stocks soient sur les tablettes au retour des vacances, Microsoft réplique formellement à Apple, avec la Surface Go, une version allégée, miniaturisée, et réduite à son format le plus compact (en attendant le téléphone Surface, diront certains…) afin d’en faire ce qui a toutes les apparences d’un rival direct au iPad.

Plus exactement, Microsoft a une stratégie en trois temps pour commercialiser le plus petit de ses appareils mobiles : il y aura un rabais à l’achat pour le secteur scolaire, un autre pour le secteur des entreprises, et enfin, une mise en vente plus traditionnelle (à partir de 529$).

À ce prix, on a droit à un processeur Pentium d’Intel cadencé au quart de tour, à 64 go de stockage interne (plus fente pour carte Micro SD, plus quelque chose comme un téraoctet en nuage sur OneDrive), à 4 go de mémoire vive, et à 1800 x 1200 pixels, la résolution de l’écran tactile de 10 pouces qui donne corps à la bête.

Un port USB-C, le connecteur Surface de Microsoft et une sortie audio (3,5 mm) complètent le topo. Microsoft promet 9 heures d’autonomie, mais soyons raisonnables et parions que la moyenne sera plus près des 6 à 7 heures.

Un étui-clavier et un stylet sont vendus séparément, mais sont chaudement recommandés par le fabricant (on s’en doute). Le stylet est bien pensé, aimanté, et à connexion Bluetooth. Ils coûtent toutefois quand même assez cher. Un adaptateur pour y connecter un trio de moniteur, clavier et souris externes est aussi offert, mais il fait rapidement voir les limites du processeur Pentium qui l’anime, lequel peine à gérer deux affichages côte-à-côte. Ça se peut, mais c’est un peu plus lent qu’on l’aurait souhaité.

Le netbook millésimé 2018?

Cela dit, le premier contact est plutôt positif. L’appareil est léger et lumineux. C’est la version «fermée» de Windows 10, appelée Windows S, qui est installée par défaut. Celle-ci n’accepte l’installation que de logiciels provenant du Windows Store, ce qui en agacera plus d’un. Il est possible de migrer vers une version moins contrôlante de Windows 10, mais Microsoft ne semble pas trop le recommander.

Bref, dans l’ensemble, ce que Microsoft semble avoir réussi à faire, c’est créer ce qu’on appelait, à une autre époque, un «hybride» PC-tablette, un marché qu’à Redmond, on se félicite d’avoir su créer pour aider à redynamiser les ventes de PC, il y a quelques années.

Il a un peu plus longtemps encore, un PC de 9 ou 10 pouces, on appelait ça, tout simplement, un «netbook».

En fait, encore aujourd’hui, on trouve des PC à écran de 10 pouces qui ne coûtent pas vraiment plus de 400 dollars, sans parler des Chromebook, à un prix tout aussi abordable. Mais ceux-là n’ont pas nécessairement un écran tactile détachable, et n’intègrent probablement pas les diverses solutions logicielles de Microsoft aussi aisément.

Surtout que, pour les entreprises, Microsoft propose une formule appelée «Autopilot» qui permet à un gestionnaire TI de déployer à distance les politiques internes de sécurité relative aux appareils informatiques, pour que des travailleurs mobiles ou à distance puissent prendre possession de leur PC sans avoir à prendre rendez-vous avec un technicien.

Pas bête.

Dans l’ensemble, on sent que Microsoft veut profiter de ses entrées déjà plutôt bonnes dans les grandes entreprises et les organisations publiques, gouvernementales et scolaires, afin d’ajouter la quincaillerie aux logiciels qu’elle vend déjà dans ces marchés.

La Surface Go ajoute une nouvelle corde à l’arc déjà pas mal garni de Microsoft à ce niveau : Surface Pro, Surface Book et même le Hub Surface (l’écran géant animé par Windows 10).

Reste à voir si la diminutive tablette sera capable de faire de l’ombre à Google et Apple…

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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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