Samsung Galaxy Note 9: c’est le stylet, stupide!

Publié le 31/08/2018 à 11:05

Samsung Galaxy Note 9: c’est le stylet, stupide!

Publié le 31/08/2018 à 11:05

À l’origine le Galaxy Note était un appareil si gros et si détonnant, dans le marché du mobile, qu’il a fallu inventer une nouvelle expression pour le définir. C’était alors la naissance de la «phablette», pas assez gros pour être une tablette, mais trop gros pour n’être qu’un téléphone.

Signe des temps, le Note 9 que Samsung met en vente au pays ces jours-ci n’a plus cette allure de (gros) chien dans un jeu de (petites) quilles, même si son prix de détail, lui, demeure exorbitant : ça commence à 1300$ pour le modèle à 128 go de stockage interne, puis ça grimpe à 1630$ pour la version à 512 go. En noir ou en bleu. 

Katching!

Pour les plus fortunés d’entre nous, Samsung ajoutera, dans les semaines à venir, une montre Galaxy qui reprend le système Tizen pour afficher au poignet les alertes reçues sur son téléphone par Bluetooth, moyennant au moins 420$. Une édition intégrant aussi une connexion cellulaire LTE pourrait être vendue par la suite, pour rivaliser avec l’Apple Watch Series 3, et les montres Wear OS que Google compte lancer le mois prochain.

Bref, pour vivre la vie comme Samsung l’imagine, ça coûte un bras (l’autre, celui qui n’a pas de montre au poignet, cela va sans dire). C’est un pari risqué pour le fabricant coréen, car le marché des appareils mobiles plus coûteux est si essoufflé, depuis le début de l’année, qu’il devrait avoir besoin d’un puissant électrochoc s’il veut éviter la catastrophe, dans les mois à venir.

L’agence Bloomberg avertissait justement plus tôt cette semaine que les piles de produits invendus ces jours-ci atteignent des sommets inédits depuis la crise de 2009, ce qui n’augure rien de bon pour les Samsung, Apple et Microsoft de ce monde, à moins que les prix ne baissent radicalement à court terme.

Dans ce contexte, le Note 9 risque bien de garder son statut d’appareil hyper niché, s’adressant aux consommateurs aisés qui sont, en même temps, des «super utilisateurs», ou comme le veut l’OQLF, des «utilisateurs expérimentés» d’appareils mobiles. En d’autres mots, des Rich, Crazy Powerusers.

Pour les onze doigts des mains

Samsung revient ici avec un écran plein format dont le cadre, courbé de chaque côté, est minimaliste (mais un peu plus visible que sur le Note 8). Pas d’encoche à la iPhone X ici, mais 6,4 pouces (en diagonale) de couleurs et d’un contraste qui rendent son utilisation fort agréable. L’appareil fait tout ce qu’il peut pour faciliter l’interaction avec une si grande surface tactile, offrant la capacité de masquer les éléments du système quand on désire s’immerger dans un jeu ou une vidéo, et proposant des raccourcis pour accéder à des zones plus reculées de l’interface d’une seule main.

Déverrouiller l’appareil d’un rapide coup d’œil après avoir aperçu une alerte sur son écran pourtant endormi accélère l’accès aux informations cruciales, un gros plus. Tout ça se fait aussi très rapidement, étant donné que le processeur Snapdragon 845 de la bête est le plus puissant sur le marché (et aussi une référence, utilisé par plus d’un fabricant pour leurs téléphones haut de gamme). Entre 6 et 8 go de mémoire vive s’assurent que même le multitâche n’arrivera pas à bout de sa capacité à traiter l’information.

Sous le capot, une imposante batterie de 4000 mAh assure une autonomie qui n’est pas aussi prolongée qu’on l’aurait souhaité. Deux ou trois jours entre deux recharges, ça, ce serait quelque chose à voir. Le Note 9 est si gros et si puissant qu’on vient à bout de sa pile en une journée et demie d’utilisation plus ou moins sporadique. Pour une fraction du prix, Huawei et son P20 font mieux…

Jusque-là, c’est le même refrain que l’an dernier (et celui d’un an plus tôt, etc.) qu’on vous rejoue. Mais attendez! Car la nouveauté la plus attrayante est aussi, peut-être, la plus inattendue du lot : on a enfin élargi l’utilité au stylet du Note 9, sa caractéristique sans doute la plus distincte, afin de le rendre attrayant même pour les gens refusant obstinément de prendre des notes manuscrites sur leur téléphone.

Et ça, on se doute qu’il y en a des masses.

Car on peut désormais utiliser le diminutif pointeur rétractable comme télécommande, afin d’actionner certaines fonctions à distance (via Bluetooth). Déclencheur pour l’appareil photo, commande musicale, contrôleur pour diaporama… On peut personnaliser l’action associée à sa touche de commande en fonction de l’application dans laquelle on se trouve.

Si jamais vous êtes de ceux qui ont déjà hésité entre un Galaxy S et un Galaxy Note, sans égard au prix, ce coup-ci, la balance aura plus de facilité à pencher du côté du plus gros des deux modèles, ne serait-ce qu’en raison de cette seule nouveauté.

Car ce stylet, encastré dans le Galaxy Note depuis le début, est à un stade de son évolution où, enfin, on peut parler de révolution, puisqu’il se rend enfin utile autrement que pour quelques fonctions peu utilisées par le grand public.

Le problème avec Samsung…

Le problème avec Samsung est en partie le problème avec Android, et par extension, avec Google également. Car le Galaxy Note 9 est animé par Android 8.1, agrémenté des retouches d’interface de Samsung. Plus tôt cette semaine, pourtant, les appareils Pixel de Google ont eu droit à la mise à niveau vers Android 9.0 (appelé «Pie») qui améliore tout plein de choses très importantes, comme la gestion de la pile, notamment.

On aurait bien aimé y avoir droit sur le Note 9. Mais non. Coincé entre Google, les nombreux fabricants et les fournisseurs de services sans fil de la planète, Android est fragmenté entre toutes ses nombreuses versions à tel point qu’on n’a pas encore trouvé le moyen d’accélérer sa mise à niveau quand une nouvelle version apparaît.

Ajoutez à cela l’entêtement de Samsung de pousser ses clients vers sa propre interface numérique et vocale, appelée Bixby, et vous comprendrez pourquoi le Note 9, même s’il s’avère fort attrayant, est encore loin d’être parfait.

Un appareil aussi puissant et polyvalent destiné à un public averti de mobinautes aguerris devrait résoudre tous les casse-tête associés avec ce style de vie. Là, il en résout quelques-uns, mais en rajoute d’autres.

Ça ne fera pas l’affaire de tout le monde. Mais pour paraphraser un slogan remontant à une époque où le président des États-Unis s’appelait Bill Clinton : en 2018, «c’est le stylet, stupide!»

Tout le reste, ce sera peut-être pour l’an prochain. Et le Note 10… à moins qu’on ne parle du Note X?

Samsung Galaxy Note 9

Téléphone Android (8.1.0)
Écran Super AMOLED de 6,4 pouces (2960 x 1440 pixels)
Processeur Snapdragon 845 de Qualcomm (6 go de mémoire vive)
Stockage de 128 go (512 go en option)
Caméra double (arr.) de 12 mp à focale f1.5-2.4 mm
Caméra frontale de 8 mp
Reconnaissance biométrique (doigt, visage, iris)
Stylet intégré
Autonomie de 14h (approx.)
À partir de 1300$



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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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