Intelligence artificielle: «L'humain va s'en sortir, mais...»

Publié le 04/05/2016 à 16:54

Intelligence artificielle: «L'humain va s'en sortir, mais...»

Publié le 04/05/2016 à 16:54

Le panel du CORIM sur la 4e révolution industrielle: Mario Coculuzzi (Microsoft), Monique F. Leroux (Investissement Québec), Jean-Sébastien Cournoyer (Real Ventures), Suzanne Fortier (McGill) et Martin Lessard (conférencier). Photo: Sylvie-Ann Paré (CORIM

BLOGUE. Depuis Davos l'hiver dernier, les grands penseurs de l'économie s'interrogent en masse sur la Quatrième Grande Révolution Industrielle. Robotisation, automatisation, et… chômage? Si votre boulot est ennuyant (ou ennuyeux, les deux se valent), pensez tout de suite à un changement de carrière. La technologie veut votre emploi.

Le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) organisait mercredi midi une conférence sur le thème de la «4e révolution industrielle», avec comme amorce: «Le Québec est-il prêt?». Un panel composé Mario Coculuzzi, directeur de Microsoft pour l'Est du Canada, de Monique Leroux, présidente du CA d'Investissement Québec (anciennement à la tête du Mouvement Desjardins), Jean-Sébastien Cournoyer, cofondateur de la société d'investissement Real Ventures, et Suzanne Fortier vice-chancelière de l'université McGill (dans l'ordre, sur la photo ci-haut).

Après la machine à vapeur (première vague), l'électrification (deuxième vague) et l'informatisation (troisième vague), l'intelligence artificielle et la robotique qui en découle, en quelque sorte, incarnent cette quatrième vague. C'est large: ça va de Siri et Cortana, les assistants vocaux d'Apple et Microsoft, aux voitures autonomes de Google et consorts. Et tout ce qu'il y a entre les deux: big data, réalité augmentée, bioingénierie, etc.

Et si on avait à résumer son impact en une seule phrase, pas mal assassine, ce serait celle-ci: «la technologie va remplacer les emplois ennuyants. Du travail répétitif jusqu'aux tâches impossibles à faire soi-même.»

C'est Mme Fortier qui le voit ainsi. Elle poursuit: «L'humain va s'en sortir, mais il va y avoir une période de transition.»

Des emplois répétitifs, mais pas nécessairement «à faible valeur ajoutée». Agents de voyage, journalistes, actuaires…

Avez-vous peur? Attendez, ce n'est pas tout…

 

Un virus dans vos REÉR?

Le Blue Screen of Death (ou BSOD) est cet écran bleu qui avait l'habitude d'apparaître, généralement au pire moment, à l'écran des PC animés par des versions antérieures à Windows 10. Car si Microsoft a pavé la voie à l'informatisation de la planète, elle a aussi pavé la voie aux systèmes informatiques faillibles, qui plantent aléatoirement. Elle n'est pas seule: aucun logiciel n'est actuellement à l'abri des failles (non, même pas ceux d'Apple...).

Alors, imaginez un peu qu'un investisseur en capital-risque octroie des millions de dollars à trois chercheurs de l'université McGill qui, utilisant des outils informatiques dernier cri, créent des algorithmes pouvant gérer vos REÉR de façon si efficace que votre institution bancaire décide de licencier ses courtiers en masse, au profit de ce système automatisé.

Ce n'est pas très loin de la réalité.

Maintenant, imaginez que ce système plante. Ça se peut: on a vu des voitures soi-disant intelligentes écraser des piétons (des faux, des mannequins en bois, heureusement). Les «bots», ces fameux logiciels de service à la clientèle intégrés aux plateformes de messagerie à la Messenger, de Facebook, sont incapables de bien interpréter les demandes qu'on leur fait la plupart du temps.

Et quand les logiciels sont fonctionnels, c'est l'humain qui les pervertit. Parlez-en à Tay, l'avatar Twitter de Microsoft, une intelligence artificielle à priori toute gentille, mais que des internautes ont rapidement pervertie et qui en moins d'une journée s'est mise à vanter Hitler, puis à publier bêtise après bêtise, à tel point que Microsoft a dû tout éteindre.

«On en est à un stade embryonnaire, c'est sûr. On est encore aux essais et erreurs. Tay en est un bon exemple», résumait Mario Coculuzzi, de Microsoft, après la conférence.

Cela dit, si votre courtier robotisé plante, qu'adviendra-t-il de vos RÉER? Quels seront vos recours? Si un virus ou un internaute mal intentionné corrompt la machine, qui sera à blâmer?

Pertes d'emploi, sécurité des systèmes, responsabilité sociale… Il y a des questions à se poser sur l'avènement d'une révolution par l'intelligence artificielle, qui n'ont d'artificielles que le nom et qui n'ont pas été soulevées par le panel du CORIM.

Questions qu'on devra se poser, au Québec comme à Davos. Car on va probablement s'en sortir.

Mais…

 

À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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