Commerçants, si l'Assistant Google vous appelle, répondez!

Publié le 09/05/2018 à 14:06

Commerçants, si l'Assistant Google vous appelle, répondez!

Publié le 09/05/2018 à 14:06

Pour faire le pont avec les commerçants ne faisant pas d’affaires en ligne, Google transforme son Assistant vocal en secrétaire.

La vidéo mise en ligne hier de la démonstration de l’Assistant Google qui prend rendez-vous au nom de son utilisateur auprès d’un salon de coiffure, puis à un restaurant, dis tout : Google veut connecter les entreprises à l’Internet, peu importe la méthode.

Ce n’est pas moi qui vous le dit, c’est Sundar Pichai, PDG de Google, qui était sur scène hier pour présenter cette nouvelle fonction, dans le cadre de la conférence Google IO qui a lieu en ce moment à San Francisco.

Depuis quelques années, M. Pichai clame sur tous les toits que l’avenir de Google passe par l’intelligence artificielle. Hier, il en a pour ainsi dire fait la preuve. «Cette fonction englobe tous les investissements que nous avons fait en IA au cours des dernières années», a-t-il dit, avant de laisser son assistant numérique démontrer sa façon toute naturelle d’interagir avec son interlocutrice.


Berner le commerçant pour l’accrocher au web

La mission de Google, depuis ses débuts, est d’organiser le web pour le rendre plus accessible. En étirant un peu le concept, c’est précisément ce qui est démontré ici. En fait, plus qu’organiser le web, l’Assistant Google s’arrange pour que les laissés pour compte du web, les petits commerçants qui n’ont pas le goût, les moyens ou l’idée de mettre en ligne un service de réservation, de commande ou d’achat, d’être tout de même en mesure d’être contactés via un environnement numérique.

Pour l’utilisateur, qui pourrait tout aussi bien sortir son téléphone de sa poche et donner lui-même un coup de fil, le gain en est un de temps : il suffit de demander à son téléphone, à son enceinte connectée ou à sa voiture de «prendre un rendez-vous chez la coiffeuse» et le tour est joué. Une alerte surgit par la suite quand la tâche est complétée, pour l’informer des détails de la transaction. On espère que leur vie privée restera bien protégée par Google, cela va sans dire...

Naturellement, ceci est une démonstration de ce qui se produit dans le meilleur des mondes, quand l’appel se conclut de la façon anticipée. Il n’est pas impossible que ça dérape. En fait, il est même fort probable que ça va déraper, dans plus d’un cas. On peut difficilement imaginer un tel système connaître du succès à tous les coups, au Québec, en français, à la mi-novembre, lorsque vient le temps de contacter son garagiste pour un changement de pneus…

Après le e-commerce et le m-commerce, le v-commerce

Dans ses résultats trimestriels dévoilés la semaine dernière, Alphabet a fait état d’une somme d’argent colossale investie dans le marché de la voix comme interface numérique. Google veut rattraper Amazon, qui a Alexa, et souhaite sans doute ne pas se faire rattraper par Apple et Siri. Microsoft et Cortana semblent complètement dépassés par la situation.

Ce que ça signifie, c’est que malgré les ratés qu’on peut anticiper d’un tel service, on risque fort de voir naître une nouvelle tendance dans le monde du commerce électronique : celui de la voix.

Google, qui priorise déjà dans ses recherches les sites web ayant une présence sur mobile digne de ce nom, pourrait bientôt prioriser les sites étant adaptés à la reconnaissance vocale. Après le commerce électronique et le commerce mobile, le «commerce vocal», même si ça sonne plutôt drôle comme expression (après tout, on parle déjà aux gens de qui on achète des produits ou des services, quand on se rend en magasin), semble partie pour devenir la prochaine tendance chez les géants de la techno.

Chose sûre, le message en sous-texte est le suivant : les consommateurs qui cherchent par tous les moyens à magasiner, acheter et consommer sans avoir à se déplacer en magasin aimeraient en plus ne pas avoir à le faire eux-mêmes.

En s’offrant comme assistant personnel à temps plein pour ses consommateurs, Google a trouvé un moyen fort intéressant de se positionner en travers du chemin d’Amazon, qui souhaite plutôt utiliser Alexa pour diriger les gens vers les produits en vente sur son propre site web.

Amazon a développé son propre écosystème au fil des années, mais Google mise sur ce qui a toujours fait sa force : exploiter le web tout entier. Quitte à aller plus loin encore et accrocher les marchands qui n’y sont pas encore.

Suivez-moi sur Facebook:

Suivez-moi sur Twitter:

À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
Sujets liés

Technologie , techno