Ce que vous devez savoir pour comprendre la keynote d'Apple de lundi

Publié le 13/06/2016 à 16:53

Ce que vous devez savoir pour comprendre la keynote d'Apple de lundi

Publié le 13/06/2016 à 16:53

BLOGUE. Le secteur des technos subit ces jours-ci une transformation comme on n’en a pas vu depuis longtemps. Et si Apple semble avoir livré une conférence sans grand éclat, ce matin à San Francisco, c’est que cette transformation est aussi subtile que paradigmatique.

Assez subtile pour n’avoir eu aucun effet remarquable sur l’humeur des investisseurs, qui sont restés somme toute plutôt tièdes face à l’action d’Apple (Nasdaq, AAPL), aujourd’hui, malgré la tenue de la traditionnelle conférence d'ouverture de sa Worldwide Developers Conference annuelle, à San Francisco.

C’est pourtant un game-changer, diraient les Américains. Qui se manifeste en douce, une petite application à la fois. Les assistants numériques à la Siri, Cortana, ou Alexa en sont une manifestation. Les messageries intégrant des «chatbots» comme Messenger, de Facebook, ou Kik, en sont une autre.

Pour la petite histoire, Kik est une application créée à Toronto qui vaut plus d’un milliard, mais qui passe totalement inaperçu car elle cible une clientèle pré-adolescente qui ne compte pas encore comme une clientèle «payante» pour annonceurs, commerçants, etc.

Ce qui nous mène au vif du sujet : Snapchat. Et, accessoirement, Amazon (Nasdaq, AMZN), Paypal (Nasdaq, PYPL), Spotify et Alphabet (Nasdaq, GOOG).

Qu’ont en commun toutes ces entreprises? D’abord, leurs services sont au cœur des habitudes quotidiennes d’un groupe d’utilisateurs fort capricieux : les ados. Les préados. Et les jeunes adultes. Ceux qui achètent tout en ligne, ont le nez en permanence dans leur messagerie instantanée, et s’envoient sans cesse des égoportraits défigurés par des filtres remplaçant leur visage par celui de leur voisin immédiat.

Et cette clientèle, en un mot, est précisément celle à qui s’est adressée Apple aujourd’hui.

Car elle est là la croissance dans les technos, à l’heure actuelle. Pas dans les appareils mobiles. Surtout pas dans les ordinateurs personnels. Ni dans les services télé en tout genre, fussent-ils câblés, en ligne, ou sous forme d’applications.

Les enfants-rois du numérique

Les enfants du millénaire, donc, ont une culture du numérique qui leur est propre, mais comme ils n’ont pas encore l’âge d’être PDG de sociétés comme Apple ou Twitter, ces dernières assistent au phénomène d’un point de vue externe. Pour Apple, à tout le moins, c’est nouveau : Steve Jobs était son meilleur client-cible. Ce que lui voulait, des millions d’adultes le voulaient aussi.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ce que Tim Cook désire (une chaîne d’approvisionnement de composants irréprochable pour ses iPhone) n’est pas ce que veulent ses jeunes clients qui en achètent un pour la première fois.

Ce qu’on a vu aujourd’hui (iOS, macOS, tvOS, watchOS), c’est Apple qui tente de s’adapter à cette nouvelle clientèle. Chercher un commerce dans Maps, passer une commande, la payer, puis héler un Uber pour la récupérer sans passer par quatre applications différentes? Ça ressemble à ça.

Partager une chanson coup de coeur avec ses amis, trouver où le groupe joue son prochain concert, trouver des billets, les acheter, puis se féliciter collectivement pour ce beau travail d’équipe sans sortir de sa messagerie instantanée? En plein dans le mille.

Évidemment, ça reste théorique. Les ados sont-ils des consommateurs aussi impulsifs? Espérons pour leurs finances personnelles que ce n’est pas le cas.

Mais ça n’empêchera pas les créateurs d’applications d’essayer de les séduire là où ils se trouvent. Et de nos jours, ils se trouvent dans des messageries instantanées et des réseaux sociaux au contenu aussi éclaté qu’éphémère.

Ce qu’on a vu aujourd’hui, c’est Apple présenter des outils pour que ces mêmes créateurs d’applications puissent justement rejoindre cette clientèle émergente directement. Via la commande vocale Siri (dont les jeunes sont friands), via la messagerie du iPhone (dont les jeunes raffolent), et via Maps.

Est-ce que ça va marcher? Bien hâte de voir. Apple a l’avantage de vendre des téléphones intelligents parmi les plus désirés sur le marché, peu importe l’âge de l’acheteur.

Un achat en ligne, deux appareils…

Et pour ceux qui se demandent si ça va générer plus de ventes des produits griffés de la pomme, pensez à ceci : le bouton Apple Pay pour acheter en ligne, celui qu’Apple positionne comme rival à Paypal, requiert de passer par le lecteur d’empreintes Touch ID d’un iPhone pour approuver la transaction.

Même si le bouton Apple Pay apparaît dans Safari sur un Mac. En d’autres mots, pour faire une transaction, ça prendra deux appareils (ou trois si on préfère l’Apple Watch comme preuve d’authentification). À moins qu'Apple ne prépare un éventuel MacBook Pro doté d'une bande tactile intégrant elle-même un lecteur Touch ID?

Bref, parlez-moi d’un écosystème optimisé…

À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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