Apple retourne à l'école pour sauver son iPad

Publié le 27/03/2018 à 13:42

Apple retourne à l'école pour sauver son iPad

Publié le 27/03/2018 à 13:42

(Photo: Apple)

Apple tente une fois encore de renverser la longue tendance baissière dans le marché des tablettes numériques, tout en essayant de faire oublier les efforts de Google et Microsoft dans les écoles, avec un nouvel iPad d’entrée de gamme plus polyvalent, et surtout, une suite d’applications tentant de faciliter l’interaction entre les étudiants et leur enseignant avant, pendant et après les heures de cours.

Pour Tim Cook, PDG de la société californienne, ça marque 40 ans de présence dans ce créneau qu’il considère, à juste titre, comme vital pour la société et la démocratie, comme il l’a laissé entendre sur scène, à la Lane Tech Prep College de Chicago.

Au menu, donc : un iPad à écran de 9,7 pouces à la mécanique revampée (incluant un processeur plus puissant) compatible avec l’Apple Pencil, un stylet emprunté au iPad Pro, un modèle un peu plus coûteux ciblant davantage les artistes et les professionnels mobiles. L’appareil se détaillera 429$ au Canada (399$ pour le secteur de l’enseignement), un prix qui pourrait nuire aux ambitions d’Apple dans les écoles, où des Chromebook et des PC plus bon marché risquent d’attirer les administrateurs plus soucieux de leur budget que du design de leur parc informatique. 

iPad

Devoirs, collaboration et confidentialité

Outre le nouveau matériel qu’Apple a cru bon présenter dans l’auditorium de la somptueuse école secondaire de Chicago d’où provient le plus grand nombre de futurs doctorants aux États-Unis, une série d’applications et de services infonuagiques ont été détaillés, afin de convaincre les directions, les gestionnaires TI et les enseignants de l’efficacité des tablettes dans le contexte pédagogique.

Tour à tour, des enseignantes américaines ont défilé sur scène afin d’illustrer comment le recours à cette plateforme numérique améliorait le taux de participation des jeunes, leur permettait d’apprendre plus efficacement, et en somme, se traduisait par de meilleurs résultats académiques.

De l’utilisation d’un stylet pour annoter des documents dans sa suite bureautique iWork, à l’introduction d’applications à réalité augmentée donnant vie à des contenus virtuels à même la classe (ou la cour d’école, ou n’importe où ailleurs), tout y est. Apple ajoute une paire d’applications assurant que la configuration initiale et le suivi informatique en arrière-plan de tous ces appareils ne prend pas plus de quelques minutes à régler, avec ou sans un technicien informatique dans la pièce. 

Une autre application en réseau permet d’assigner des devoirs et des tâches spécifiques à accomplir en classe ou à la maison, puis de suivre la progression des élèves en temps presque réel.

«Et tout ça est entièrement privé», a tenu à rappeler une porte-parole d’Apple présente à Chicago. «Vous voyez cette information, mais personne d’autre, même pas nous [chez Apple].» Un détail important de rappeler ces jours-ci, n’est-ce pas?

Détail pratico-pratique intéressant : Apple fait bondir de 5 à 200 gigaoctets l’espace de stockage en nuage gratuit offert aux étudiants sur sa plateforme iCloud. L’ensemble des clients d’Apple doit souhaiter que cette mesure soit élargie à tout propriétaire d’un appareil griffé de la pomme, vu le retard d’Apple dans ce créneau vis-à-vis ses rivaux.

Un marché à progression variable

Le marché de l’enseignement en est un déjà beaucoup plus mature aux États-Unis (et peut-être un peu plus simple) qu’au Canada et au Québec, surtout pour Apple, mais dans les trois cas, Cupertino pourrait renverser la vapeur avec ces nouveautés, selon les observateurs. «C’est aux professeurs de décider. Ils peuvent passer par l’institution pour se procurer des appareils, ou demander aux parents de le fournir eux-mêmes, mais avec les outils présentés aujourd’hui, c’est une très belle solution», estime Tami Brewster, enseignante à l’école primaire Hampstead, dans l’ouest de l’île de Montréal.

Au Québec, Mme Brewster est une des premières à avoir adopté l’iPad. Alors que chez l’Oncle Sam, ce sont surtout les Chromebook, des bloc-notes bon marché dont le système a été développé par Google, qui dominent (58% du secteur l’an dernier), ailleurs dans le monde, c’est Microsoft et une ou l’autre des versions de son système Windows (65%, selon la firme FutureSource) qui prime.

Fidèle à ses habitudes, Apple tente donc de se démarquer en proposant une plateforme comprenant déjà 200000 applications, quelques-unes ayant déjà été adaptées pour utiliser les nouvelles fonctions du iPad dévoilé cette semaine.

«Les jeunes vont adorer travailler avec le Pencil», assure Mme Brewster, manifestement emballée par la précision de ce stylet à l’écran de son iPad Pro. «Avec ça et la réalité augmentée, ça va intéresser encore plus les enfants aux matières qu’on leur enseigne.»

Car la clé, en cette époque de surabondance d’information, c’est un peu ça : attirer l’attention de l’utilisateur, peu importe son âge. Apple joue donc la carte du contrôle par l’enseignant, du partage par les élèves et de la confidentialité pour tous pour espérer gagner des parts de marché dans ce secteur.

Un projet ambitieux, dans un marché qui doit trouver l’équilibre entre l’innovation et des budgets serrés, mais c’est peut-être ce qui relancera un appareil électronique, l’iPad, qui est de plus en plus coincé entre les ordinateurs personnels plus classiques et les téléphones intelligents de plus en plus polyvalents.

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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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