Alphabet investit 4,5M$ dans l'intelligence artificielle montréalaise

Publié le 21/11/2016 à 06:00, mis à jour le 21/11/2016 à 09:30

Alphabet investit 4,5M$ dans l'intelligence artificielle montréalaise

Publié le 21/11/2016 à 06:00, mis à jour le 21/11/2016 à 09:30

Photo: Baz135@Imgur

Alphabet (NASDAQ, GOOG), la société-mère de Google, va annoncer cette semaine la création d’un groupe de recherche sur l’apprentissage profond et l’intelligence artificielle (IA) dans ses locaux de Montréal, sur McGill College. Hugo Larochelle, chercheur et professeur à l’Université de Sherbrooke, qui travaillait jusqu’ici sur les outils d’IA de Twitter (NASDAQ, TWTR) à Boston, sera responsable de ce nouveau laboratoire.

Depuis quelques semaines, Sundar Pichai, PDG de Google, ne prononce pas trois phrases sans parler d’intelligence artificielle. L’entreprise compte injecter beaucoup d'argent en IA, et une partie de cet investissement aura donc lieu à Montréal, où se trouve Yoshua Bengio, un des pionniers de l’apprentissage profond, à la source des nombreuses percées en IA ces derniers mois.

«Google utilise déjà l’apprentissage profond dans la plupart de ses services. C’est la principale technologie derrière l’intelligence artificielle, et elle domine actuellement le marché de l’informatique. C’est la technologie qui va faire évoluer notre secteur le plus rapidement au fil des prochaines années. Et elle a été découverte, en partie, à Montréal», dit Shibl Mourad, directeur de la R-D chez Google Canada, pour expliquer l’expansion montréalaise du géant de Mountain View, en Californie.

Reconnaissance du langage et des images

La métropole québécoise se démarque dans la reconnaissance de la parole, de la vision par ordinateur et de la compréhension du langage. Mais fidèle à la tradition chez Google, le labo qui sera piloté par Hugo Larochelle aura les coudées franches en ce qui a trait aux domaines de recherche précis qui seront étudiés.

Tant que cela reste dans le champ de l’apprentissage profond... «La technologie qu’on voit aujourd’hui a été développée il y a 4 ou 5 ans. C’est à peu près le temps que ça va prendre avant qu’on voie les résultats du travail d’Hugo», ajoute M. Mourad [M. Larochelle n’était pas disponible pour entrevue].

Cette nouvelle fera sans doute le bonheur du secteur technologique montréalais. En IA, on insiste beaucoup sur l’importance du partage des découvertes entre chercheurs de diverses entreprises pour assurer le succès de la technologie. Alphabet souhaite s’intégrer intégralement à la communauté locale. «On publie notre recherche pour qu’elle soit reprise par d’autres. On espère voir se créer à Montréal un écosystème de l’intelligence artificielle autour de Google, des startups et du secteur académique», dit Shibl Mourad.



4,5M$ pour garder les cerveaux à Montréal

Au cours des trois prochaines années, Alphabet remettra par ailleurs 4,5 millions de dollars à sept chercheurs associés à l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal (MILA) du professeur Yoshua Bengio, de l’Université de Montréal.

Cette somme ira à la recherche fondamentale en apprentissage profond et en apprentissage par renforcement, notamment, des spécialités développées conjointement à l’Université de Montréal, à Polytechnique, à HEC Montréal et à l’Université McGill.

«Avec le lancement d’Element AI le mois dernier, ça fait partie de notre stratégie pour faire de Montréal un pôle majeur en intelligence artificielle», explique M. Bengio. «C’est un exode des cerveaux inversé…»

Entre Facebook (NASDAQ, FB), Google, Amazon (NASDAQ, AMZN), Microsoft (NASDAQ, MSFT) et Apple (NASFAQ, AAPL), entre autres, on assiste à une chasse au talent énorme dans l’IA en ce moment. Il y a beaucoup de travail à abattre en apprentissage profond, pour en générer des applications concrètes, mais l’expertise est limitée. C’est pourquoi on assiste à un mouvement généralisé des chercheurs vers le privé.

De pouvoir les garder à Montréal est critique, dit M. Bengio: «Chaque professeur qui quitte, c’est une branche de l’arbre qu’on coupe et qui ne donnera plus de fruits; ce sont des étudiant de moins qu’on peut former.»

L’IA à Montréal: ce n’est qu’un début

Il y a des conséquences économiques, bonnes comme mauvaises, associées à l’émergence de l’intelligence artificielle. Comme la perte massive d’emplois dans le transport avec l’arrivée des véhicules autonomes. Ou la naissance de nouveaux secteurs d’affaires, en médecine, notamment, où des traitements plus efficaces sont en train d’être mis au point, contre le cancer, notamment.

Que Montréal tienne une place de leader dans ce domaine n’est pas un mauvais pari. Même à plus court terme, laisse entendre le professeur Bengio, qui prend définitivement à cœur la création d’un pôle de renommée internationale. Quand on lui demande quelle multinationale sera la prochaine à venir s’installer ici pour profiter de la manne de recherche en IA, il demeure évasif, mais estime qu’une autre annonce du même genre pourrait survenir très prochainement.

«Les astres s’alignent bien pour nous actuellement, dit-il. Mais ce n’est pas tout d’attirer les grosses sociétés. Il faut aussi voir des entreprises locales émerger

 

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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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