Rousseau : «Si j'avais eu ce don de prédire l'avenir…»

Publié le 19/05/2009 à 00:00

Rousseau : «Si j'avais eu ce don de prédire l'avenir…»

Publié le 19/05/2009 à 00:00

Par Denis Lalonde

«Si j’avais ce don de prédire l’avenir, je ne serais pas ici aujourd’hui et je n’aurais pas fait l’erreur du PCAA», a-t-il affirmé devant la Commission des finances publiques.

Hier, l'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic a affirmé que l’ex-patron de la Caisse de dépôt a vu venir la tempête qui a frappé l’institution en 2008.

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M. Rousseau a expliqué qu’au moment de quitter, les autorités américaines venaient de sauver (en mars) la banque d’affaires Bear Stearns en aidant JP Morgan à procéder à son acquisition. «Le gouvernement américain avait alors clairement laissé entendre qu’il allait réagir si une autre situation du genre se produisait. De plus, mon mandat de cinq ans était terminé et le dossier du PCAA était sur le point d’être réglé», a-t-il dit.

PCAA

Henri-Paul Rousseau soutient qu’il a été mis au courant du problème du Papier commercial adossé à des actifs (PCAA) en fin d’après-midi le 9 août et qu’il en a interdit l’achat dès le lendemain matin avant l’ouverture des marchés.

«J’ai alors appris que les problèmes du marché du PCAA à la Caisse avaient commencé le 2 août. Ce même 9 août, la Banque du Canada a émis un communiqué, tout comme les autres grandes banques centrales à travers le monde, affirmant qu’elle allait injecter des liquidités au besoin pour soutenir les marchés. Il s’agissait là des premières indications qu’il y avait un problème», a-t-il raconté.

M. Rousseau a alors pris la décision de convoquer les participants au marché pour avoir un portrait global de la situation, ce qui a mené à une réunion à la mi-août. L’agence DBRS, qui avait donné une cote AAA au PCAA, était présente, de même que des banques canadiennes (Nationale, CIBC et Scotia) et internationales.

À la fin de la réunion, les intervenants ont décrété un moratoire sur le PCAA et ont décidé de donner une échéance de sept ans à ce produit financier court terme.

Au total, la Caisse a accumulé pour 13,2 milliards de dollars en PCAA. Au cours des deux derniers exercices, ce PCAA a été dévalué de près de 6 milliards de dollars. «L’erreur que nous avons fait, c’est de ne pas avoir instauré de limite à l’achat de produits», a affirmé M. Rousseau.

Ce dernier a dit qu’à son avis, la confusion qui régnait dans le secteur du papier commercial en août 2007 est responsable de la poursuite des achats dans les journées qui ont suivi les premiers signaux de détresse du marché. La Caisse aurait acheté pour plus de 1 milliard de dollars de PCAA au début du mois d’août, alors que le marché commençait à vaciller dangereusement.

Actions

Questionné par le député de Rousseau, François Legault, M. Rousseau a également raconté que la Caisse avait des problèmes de recrutement et de rétention de main-d’œuvre au niveau des gestionnaires de portefeuilles d’actions américaines et internationales, ce qui pouvait expliquer pourquoi l’organisation a fait moins bien que les indices de référence au cours des cinq dernières années dans ces secteurs: «Il est très difficile de former et de retenir les gestionnaires. C’est pourquoi, pour réduire le risque, nous avons décidé de nous rapprocher d’une gestion indicielle dans ces portefeuilles», a-t-il raconté.

Non aux baisses salariales

L’ancien président et chef de la direction de la Caisse soutient que l’institution fait face à un problème de recrutement, car les salaires y sont, selon lui, inférieurs à la moyenne du marché.

«Il ne faut pas atrophier la Caisse de dépôt en abaissant les salaires. Elle serait alors moins compétitive par rapport au reste du marché. Les gestionnaires de portefeuilles ont de bons salaires car il s’agit d’un métier difficile qui comporte son lot de risques», a-t-il expliqué.

Power Corporation

M. Rousseau a dû s’expliquer sur le moment de son départ, survenu au moment même du dépôt d’un rapport sur la politique de gestion du risque de la Caisse. «Le rapport était globalement positif mais disait que l’organisme avait certaines choses à améliorer. Je suis d’accord avec la décision de refuser de rendre ce rapport public, car cela comporterait des risques de sécurité et pourrait nuire à la Caisse», a-t-il révélé, sans plus de précision.

Le financier dit avoir été approché par Power Corporation en mai 2008 et que l’entente d’embauche avec la société a été signée le 28 du même mois. Il a encore une fois refusé catégoriquement de rembourser sa prime de séparation de 405 000 dollars, estimant qu’elle avait été négociée de gré à gré au moment de son embauche, en 2002.

M. Rousseau a officiellement commencé sa carrière chez Power Corporation en janvier. «J’ai tenu à ce que mes deux emplois soient distancés de plusieurs mois pour éviter les problèmes d’éthique. Quand je suis arrivé chez Power, l’information que je possédais sur la Caisse n’était plus valide», a-t-il affirmé.

Extraits de la comparution d'Henri-Paul Rousseau

En vidéo : Henri-Paul Rousseau devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

 
2e semaine de comparutions

Henri-Paul Rousseau sera entendu en commission parlementaire mardi toute la journée (9h30 à 12h30 et 15h00 à 18h00).

Mercredi, le président du conseil d’administration et chef de la direction de la Commission de la santé et de la sécurité au travail, Luc Meunier, le président du Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics, Gilles Giguère, et le président et chef de la direction de la Société de l'assurance automobile du Québec, John Harbour, seront entendus.

Jeudi, ça sera autour du PDG de la Commission de la construction du Québec, André Ménard, de témoigner à Québec.

Enfin, l'ancienne ministre des Finances Monique Jérôme-Forget ne sera pas de retour devant les membres de la commission. C'est plutôt son successeur, Raymond Bachand, qui fera face aux questions des parlementaires le mardi 26 mai.

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