Dettes : des vedettes du Québec Inc. traînent la patte

Publié le 22/06/2009 à 00:00

Dettes : des vedettes du Québec Inc. traînent la patte

Publié le 22/06/2009 à 00:00

Par François Rochon

Et s'il s'agit d'une PME, elle pourrait se mettre à prendre l'eau sérieusement.
Nous avons demandé à Carl Simard, président et gestionnaire de portefeuille chez Medici, une société de gestion de portefeuille destinée à la clientèle privée, de nous dire quelles étaient les sociétés québécoises les plus endettées d'après différents ratios financiers. Il s'est servi du logiciel StockPointer pour effectuer son analyse.

Ce sont des entreprises dont le ratio de la dette à long terme par rapport aux fonds propres se situe au-dessus de la médiane, établie à 0,35. Cette médiane est calculée à partir des résultats de 400 entreprises canadiennes dont le chiffre d'affaires est supérieur à 100 M$.

Sans grande surprise, des sociétés comme AbitibiBowater, Quebecor, Bombardier, Garda World et Mega Brands ont émergé parmi les entreprises québécoises, mais aussi Cogeco et SNC-Lavalin, ce qui pourrait étonner certains lecteurs.

Or, il ne faut pas mettre les premières et les secondes dans le même panier. « Cogeco est assez endettée, mais elle a réussi à refinancer sa dette,» constate le président de Medici, qui est aussi copropriétaire de StockPointer.

Bien que la taille d'une entreprise semble jouer un rôle dans sa capacité à se maintenir à flot, certaines petites entreprises voguent leur galère sans trop de mal alors que d'autres, plus importantes, foncent comme des Titanic sur la banquise.
Problème de financement

« Le problème semble se trouver au niveau du financement, affirme Michel Magnan, professeur titulaire à la Chaire Lawrence-Bloomberg de l'Université Concordia. Les créanciers sont très frileux depuis quelque temps. La plupart des entreprises sont frappées de plein fouet par la conjoncture économique et aussi sur le front de la finance. »

Ainsi, une société comme Transforce, dont le ratio de la dette sur ses fonds propres est de 1,44, soit 4,11 fois la médiane de 0,35, risque de trouver la houle actuelle difficile pour naviguer. « Elle est très sensible au transport routier, poursuit Michel Magnan et le ralentissement actuel risque de lui nuire. » Et ce, même si « c'est une société bien gérée », enchaîne Christian Godin, gestionnaire de portefeuille chez Montrustco Bolton. Quoi qu'il en soit, les derniers résultats financiers de cette entreprise québécoise ont surpris en raison des bénéfices affichés, alors qu'il y avait tout lieu de s'attendre à des pertes.

Outre Quebecor World (devenue Novink) ou AbitibiBowater, dont les malheurs financiers s'égrènent au gré des semaines dans les médias, deux petites sociétés semblent flotter comme des bouchons à la dérive. Ce sont Garda World et Mega Brands, dont les raisons sociales semblent de plus en plus surfaites.

« Leur problème vient du trop grand nombre d'acquisitions qu'elles ont effectuées, explique Christian Godin. Il y a eu des problèmes au chapitre de l'intégration, les bénéfices anticipés ne se sont pas matérialisés et le resserrement bancaire a joué contre elles. »

Dans un commentaire émis à la fin de 2008, Anthony Zicha, de Scotia Capitaux, estimait que Garda devait à tout prix réduire son niveau d'endettement. Martin Landry, de Valeurs Mobilières Desjardins, pense quant à lui que la société aux camions rouges devrait vendre des actifs pour contrer ses problèmes de recapitalisation. Il est vrai que le commentaire suivait une déclaration de la Brink's, un concurrent bien connu, sur l'éventualité que les clients de sociétés endettées puissent vouloir migrer vers les sociétés bien capitalisées.

Mega Brands, qui se place près de 11 fois au-dessus de la médiane des entreprises qui composent la cohorte de l'exercice en cours, est dans une situation similaire à celle de Garda. Fabricant de jouets, l'entreprise a conclu une entente avec Microsoft Game Studios, ce qui a fait bondir le titre de 123 % au moment de l'annonce au début de février. Pourtant, son cours est en net retrait par rapport à l'an dernier. Des problèmes liés à des rappels de produits, la conjoncture économique difficile, mais aussi le resserrement des conditions de crédit ont pesé lourdement sur la santé de l'entreprise montréalaise.

En résumé, ces deux petites entreprises pourraient illustrer le titre d'une étude publiée par Scotia Capitaux en janvier 2009 : The Smaller They Are...The Harder They Fall.

Pas menacée

Des titres comme SNC-Lavalin, qui ont théoriquement une dette élevée d'après les critères traditionnels retenus, sont loin d'être sur la corde raide : « L'entreprise se trouve dans une position idéale quant à son niveau de liquidités », soutient Pierre Lacroix, analyste chez Valeurs Mobilières Desjardins. Pour preuve, le géant montréalais du génie-conseil vient d'enregistrer des profits en hausse de 9 % au 4e trimestre, et pourrait connaître d'excellents résultats cette année.

Enfin, un titre comme Cascades, qui compte 3,81 points au-dessus de la médiane, a certes un niveau d'endettement relativement élevé, mais l'entreprise fondée par les frères Lemaire possède un haut niveau de flexibilité par rapport à sa dette, selon Pierre Lacroix. Elle ne devrait pas être inquiétée jusqu'en 2011, et il est prévisible qu'elle puisse négocier de meilleures conditions de crédit. La conjoncture économique en décidera sûrement.

 

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