«La patience est la clé du succès», selon Malcolm Gladwell

Publié le 03/12/2008 à 00:00

«La patience est la clé du succès», selon Malcolm Gladwell

Publié le 03/12/2008 à 00:00

Par Olivier Schmouker

Le Canadien Malcolm Gladwell est considéré comme l’un des penseurs les plus influents de notre temps, selon des magazines tels que Time et Forbes. Il s’est fait connaître par deux ouvrages, «The Tipping Point» (Le point de bascule, en français) et «Blink» (Intuition), le premier s’étant vendu à plus d’un million d’exemplaires.

Son nouvel ouvrage, «Outliers», vient de sortir et est déjà en tête des ventes aux Etats-Unis. Il a trait à l’innovation, sous toutes ses formes. Il en présentait les grandes lignes, mercredi, à Montréal, lors d’une conférence organisée par Infopresse.

1. Travaillez plus de 10 000 heures, comme Bill Gates

Pour réaliser une véritable innovation, il faut au moins travailler 10 000 heures dessus. Cela représente 4 heures de travail par jour pendant 10 ans! Voilà ce qu’affirme d’emblée M. Gladwell.

Comment en est-il arrivé à cette conclusion? En regardant comment s’y sont pris des innovateurs célèbres.

«Prenez les Beatles. Tout le monde les présentait comme des prodiges, les Young Kids of Liverpool, quand ils ont sorti leur premier hit. Mais ce que personne ne savait à l’époque, c’est qu’ils avaient travaillé très dur avant ça, en jouant 1 200 concerts dans des petits clubs en Allemagne», dit-il.

«Autre exemple : Bill Gates. Dès 1968, il a probablement été un des premiers enfants du monde à accéder à un ordinateur, car il n’y en avait presque pas à cette époque-là. Et plus tard, étudiant de 15 ans, il allait programmer, seul, dans la salle d’ordinateurs de son high school, tous les jours entre 2h et 6h du matin.»

2. Compensez vos faiblesses, comme Richard Branson

Ces 10 années de labeur ne sont jamais aisées. Il y a toujours des hauts et des bas. Et cela est en grande partie dû à vos faiblesses.

«Or, les grands innovateurs sont ceux qui se sont appuyés sur leurs faiblesses – et non sur leurs forces – pour progresser plus vite et plus loin que les autres», avance M. Gladwell.

Ainsi, une récente étude d’une chercheuse du London Business School montre que le tiers des chefs d’entreprise qui ont une notoriété internationale ont été diagnostiqués comme dyslexiques durant leur enfance. Un exemple : Richard Branson, le dirigeant charismatique du groupe Virgin.

«La dyslexie est un véritable handicap pour un enfant. On pourrait croire qu’il empêche celui-ci de se développer au même rythme que les autres, parfois au point de craindre pour son avenir professionnel. Mais non! Au contraire, ça le pousse à travailler plus fort que les autres et à mettre en place des stratégies pour survivre. Un fait ne trompe pas : 80% des grands leaders atteints de dyslexie ont été capitaines de leur équipe de sport quand ils étaient jeunes», illustre l’expert.

3. Soyez patient, comme Paul Cézanne

Il y a deux sortes d’innovateurs : les conceptuels, comme Pablo Picasso, et les expérimentateurs, comme Paul Cézanne. «Le meilleur modèle pour les entrepreneurs est celui de Cézanne», avance M. Gladwell.

En effet, le peintre français du XIXe siècle a longtemps tâtonné avant de trouver sa voie. «Ses premiers chefs-d’œuvres, il ne les a peint qu’après avoir atteint la cinquantaine», dit-il.
«Les entreprises devraient faire preuve de la même patience. On ne peut pas demander à un employé ou à une division d’innover d’un coup de baguette magique. Il faut lui laisser le temps nécessaire pour cela», souligne-t-il.

Un exemple : l’industrie de la musique. «Aujourd’hui, des jeunes sortent un hit, puis disparaissent en quelques mois ou années. Dans les années 70 et 80, les maisons de disques soutenaient les groupes, y compris durant leurs errements : pensez à Fleetwood Mac, pour qui il a fallu sortir 13 albums avant de percer, en 1977, avec «Rumours», devenu un classique du rock.»

Le hic? La pression croissante sur les entreprises pour atteindre des résultats à court terme.

«C’est justement ce qui met à terre des industries entières. L’industrie de la musique en est un exemple criant. Un autre est le secteur financier, qui traverse une crise phénoménale parce qu’on a confié des sommes faramineuses à des courtiers jeunes et dynamiques dont pas un ne pouvait se targuer d’avoir travaillé 10 000 heures dans son domaine avant de négocier», soutient M. Gladwell.

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