Que faire devant la baisse de mes épargnes ?

Publié le 20/11/2008 à 00:00

Que faire devant la baisse de mes épargnes ?

Publié le 20/11/2008 à 00:00

Par François Rochon

Marie-Pierre (nom fictif), âgée de 59 ans, est une entrepreneure ayant un revenu (20 000 $ par année) et un porte-feuille modestes, et des attentes tout aussi modestes pour sa retraite.

Voir la capsule vidéo de notre expert. Victimes du krach boursier

Comme elle compte sur le supplément de revenu garanti (SRG) pour ses vieux jours, elle doit décaisser le plus rapidement possible, soit dès 2008, afin de réduire sa facture d’impôt. Mais la crise boursière a fait chuter la valeur de son portefeuille en deçà du capital qu’elle a placé.

Fait particulier, malgré ses 59 ans et ses petites économies, qui auraient dû l’orienter vers des placements prudents, l’épargnante, dont le REER et le CRI s’élèvent à 67 499 $, les a composés à 72 % d’actions.

Maigre consolation, les instruments de placement utilisés sont des fonds distincts qui, en échange de frais annuels de 3,07 %, lui garantissent de rembourser 100 % du capital investi... en 2017, c’est-à-dire lorsqu’elle aura 68 ans.

Loin de lui simplifier la vie, les fonds distincts la placent devant un dilemme. Si Marie-Pierre attend jusqu’en 2017 pour récupérer son capital, elle sera privée du SRG. Mais si elle vend avant 2017, elle risque de subir une perte sur ses placements.

Une retraite mal planifiée
« Le problème, c’est que sa retraite a été mal planifiée, dit Denis Preston, planificateur financier et formateur. Son porte-feuille n’a jamais été modifié afin de mieux répondre à ses objectifs de retraite.

La situation de Marie-Pierre est pourtant claire : elle doit absolument miser sur les rentes gouvernementales à la retraite. À eux seuls, le SRG, la pension de la Sécurité de la vieillesse (SV) et le Régime des rentes du Québec (RRQ) pourraient lui procurer à 65 ans, selon les règles en vigueur actuellement, 17 098,12 $, soit 86 % de son revenu actuel.

« Il serait donc logique de décaisser le REER et le CRI le plus vite possible, car chaque dollar tiré de ces régimes après 65 ans réduira de 0,50 $ de le Supplément de revenu garanti qui lui sera versé », explique Denis Preston.

À compter de cette année, Marie-Pierre devrait retirer 5 000 $ par an de son REER sans modifier son taux d’im-position (28,5 %), ou 10 000 $ par an, en faisant passer son taux d’imposition à 32,5 %. L’objectif est de vider son REER le plus rapidement possible sans trop augmenter sa facture fiscale.

Quant au CRI, le 8 mai dernier, le gouvernement fédéral a annoncé l’entrée en vigueur de modifications qui permettront à une personne de 55 ans et plus de transférer 50 % de ce régime ou du REER immobilisé dans un REER ou un FERR. Ces règles seront applicables sous peu.

« Marie-Pierre pourrait donc décaisser cette portion avant 65 ans, dit M. Preston. Le reste sera retiré sur un ou deux ans dès qu’elle aura 65 ans. » Ces décaissements lui permettront de déposer 5 000 $ par an (le montant maximum sera indexé à chaque année) dans un CELI, le compte d’épargne libre d’impôt qui verra le jour en janvier prochain. Les revenus de placement du CELI ne sont pas imposables, contrairement à ceux du REER; ainsi, Marie-Pierre pourra faire fructifier son épargne dans le CELI sans que cela ait une incidence sur les prestations gouvernementales auxquelles elle a droit.

Remaniement du portefeuille
Comme Marie-Pierre est à quelques mois de ses premiers décaissements, son portefeuille devrait être composé essentiellement de produits à revenu fixe, dont les échéances et la valeur seraient appariés aux dates de décaissement et aux sommes devant être retirées. Or, ses seuls placements à revenu fixe sont des obligations dans des fonds diversifiés ou des fonds d’actions.

« Une solution serait de tout transférer dans des fonds distincts d’obligations afin de ne pas perdre la protection du capital, dit M. Preston. Mais il serait illogique de payer une garantie pour investir dans des titres sûrs. »

L’autre solution, plus réaliste, est de renoncer à la garantie du capital de 76 402,20 $ en septembre 2017, qui équivaut à un rendement annuel de 1,14 % sur la période. « C’est si peu qu’un simple CPG pourrait lui procurer davantage tout en protégeant son capital et en libérant les liquidités dont elle aura besoin pour procéder aux décaissements des prochaines années », explique l’expert.

La quinquagénaire devrait donc vendre ses fonds distincts et acheter des CPG (certains offrent un un rendement légèrement supérieur à 4 %).

Sources de revenu
Comme la rente de la RRQ diminuera son SRG, la future retraitée devrait demander sa rente de la RRQ à 60 ans. « Elle recevra alors 4 668 $, au lieu de 6 480 $ à 65 ans », précise M. Preston.

Cette somme lui sera versée si la Régie considère qu’elle a cessé de travailler, c’est-à-dire si ses revenus de travail annuels ne dépassent pas 25 % du maximum des revenus admissibles sur lesquels il est permis de cotiser. En 2008, ce maximum est de 44 900 $, ce qui équivaut à 11 225 $ ou moins.

Si on additionne 4 668 $ et 11 225 $, il ne reste plus qu’à ajouter 4 107 $, tirés du REER, pour que Marie-Pierre puisse continuer de compter sur un revenu annuel de 20 000 $ durant ces cinq années. À 65 ans, le programme de la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti s’ajouteront à la rente de la RRQ, ce qui lui procurera un revenu annuel de 16 198,12 $, soit 81 % de son revenu de travail.

Elle n’aura plus qu’à décaisser 3 801,88 $ de son CELI pour toucher à la retraite le même revenu annuel que lorsqu’elle travaillait.

Nous remercions la FADOQ pour sa collaboration.

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