Crise de liquidités en vue à Air Canada

Publié le 20/11/2008 à 00:00

Crise de liquidités en vue à Air Canada

Publié le 20/11/2008 à 00:00

Par Jean Gagnon

«Air Canada dispose d'assez d'encaisse pour les six prochains mois, mais ensuite, en l'absence de flux de trésorerie positifs, la probabilité est relativement élevée que la société doive à nouveau se restructurer», dit Michel Magnan, titulaire de la Chaire Lawrence-Bloomberg du Département de comptabilité de l'Université Concordia.

Signe d'un risque élevé de faillite, le cours de l'action n'a plus qu'une valeur d'option, souligne M. Magnan.

Pour 230 millions de dollars (M$), vous pouvez acheter toutes les actions d'Air Canada, alors qu'il vous en coûterait cinq fois plus pour acquérir toutes celles de WestJet. Pourtant, le chiffre d'affaires de WestJet est cinq fois plus petit que celui d'Air Canada.

Air Canada traîne une dette de 5,4 milliards de dollars (G$). Son encaisse a fondu de près de la moitié entre le premier trimestre de 2007 et le 30 septembre dernier, pour s'établir à 1,1 milliard de dollars (G$).

De plus en plus d'analystes partagent la même inquiétude quant à l'état des liquidités du transporteur aérien.

«L'entreprise entame sa saison la moins rentable avec une encaisse inférieure à ce que nous aimerions compte tenu du contexte économique morose», dit Nick Morton, analyste chez RBC Marchés des Capitaux.

Air Canada va vite se retrouver avec une encaisse inférieure à son niveau de confort de 1 G$, et même s'approcher de 500 M$ au premier semestre de 2009, selon M. Morton.
Claude Proulx, analyste chez BMO Marchés des capitaux, prévoit lui aussi qu'à la fin du deuxième trimestre de 2009, l'encaisse d'Air Canada sera inférieure à 500 M$.

Trois sources d'inquiétude

Dans le ciel d'Air Canada se dessinent trois facteurs qui pourraient avoir un effet dangereux sur les liquidités de l'entreprise, explique Michel Magnan.

Premièrement, le déficit d'exploitation force actuellement l'entreprise recourir à son encaisse. Air Canada a utilisé plus de 250 M$ de liquidités au cours du troisième trimestre.
Cette situation pourrait s'aggraver rapidement, car habituellement, les affaires du transporteur diminuent de façon marquée au quatrième trimestre.

De plus, le contexte de récession risque de faire chuter les revenus de toute l'industrie du transport aérien au cours des prochains trimestres.

Deuxièmement, la société pourrait avoir de la difficulté à renouveler ses emprunts, croit M. Magnan. Elle fera face d'abord à des échéances d'une valeur de 253 M$ au quatrième trimestre, et de 584 M$ durant l'année 2009. La crise du crédit compliquera le refinancement. À défaut de pouvoir renouveler ses emprunts, Air Canada devra puiser encore plus dans ses réserves.

Troisièmement, le déficit de la caisse de retraite de ses employés pourrait s'accroître de façon importante.

Au 31 décembre 2007, ce déficit s'établissait déjà à 1,3 G$, selon les états financiers de l'entreprise. La dégringolade des marchés boursiers au cours des derniers mois risque de l'avoir creusé considérablement, craint M. Magnan.

Les pertes s'accumuleront

Compte tenu des perspectives économiques et de l'état de l'industrie de l'aviation, Air Canada ne réalisera pas de bénéfice au cours des quelques prochaines années, estime Claude Proulx. Il prévoit une perte de 1,73 $ par action pour l'exercice 2008, de 3,29 $ en 2009 et de 1,59 $ en 2010.

Air Canada est redevenue une entreprise à capital ouvert en décembre 2006 à la suite d'une émission d'actions effectuée par Gestion ACE Aviation, la société de gestion créée lors de la restructuration financière du transporteur aérien. Air Canada s'était placée sous la protection de la Loi sur la faillite en 2003.

L'action émise à 21 $ ne vaut plus que 2,30 $. ACE possède toujours 75% des actions d’Air Canada. Elle pourrait, dans une certaine mesure, venir à la rescousse de sa filiale. Comme elle dispose, elle-même de plusieurs centaines de millions en liquidités, elle pourrait prêter ou investir jusqu’à 400 millions de dollars dans Air Canada, estime Claude Proulx.

Espoir spéculatif

Entre le 6 et le 14 novembre, le cours de l’action d’Air Canada est passé de 5,40 dollars à 2,20 dollars, ce qui amène certains analystes à penser qu’une remontée est maintenant possible.

Jacques Kavafian, analyste chez Research Capital, recommande l’achat du titre en fonction d’un cours cible d’un an de 4 dollars, ce qui représente un gain de 75%.

«On a exagéré le problème de liquidités et le programme de réduction de capacité entrepris l’été dernier permettra de diminuer les dépenses et de ramener la rentabilité», soutient M. Kavafian.

Pierre Bernard, portefeuilliste à l’Industrielle Alliance, croit cependant qu’il sera difficile de raviver l’intérêt des gestionnaires de portefeuilles pour le titre d’Air Canada.

«Ceux qui voudront absolument investir dans un transporteur aérien choisiront West Jet», affirme M. Bernard.

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