Des investisseurs purs et durs déguisés en activistes

Publié le 20/01/2012 à 14:42, mis à jour le 23/01/2012 à 10:40

Des investisseurs purs et durs déguisés en activistes

Publié le 20/01/2012 à 14:42, mis à jour le 23/01/2012 à 10:40

BLOGUE. Il y a quelques années, les premiers activistes en terme de gouvernance d’entreprise ont fait leur apparition avec pour objectif de faire avancer les meilleures pratiques de gouvernance d’un conseil d’administration pour le bien-être de tous les actionnaires. Il y a, entre autres, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), la Coalition canadienne pour la bonne gouvernance (Canadian Coalition for Good Governance – CCGG) et l’Institut des administrateurs de sociétés. Ils veulent protéger les actionnaires contre les agissements abusifs de certains groupes sur des sujets tels que la rémunération et le manque d’action de certains conseils d’administration. Ils mettent de l’avant des propositions pour promouvoir des valeurs d’éthique et de justice afin de maintenir un équilibre entre les actionnaires et les administrateurs de sociétés.

Puis, au fil des dernières années, sont apparus comme activistes certains grands investisseurs reconnus pour leur sens de l’éthique. Ceux-ci, avec M. Warren Buffet en tête, ont joué un rôle d’influence pour dénoncer les abus de certains gestionnaires en matière de rémunération. Ils défendent les intérêts de tous les actionnaires, incitent à la transparence et se comportent en citoyens corporatifs responsables. Ils se sont parfois même affichés publiquement contre l’establishment pour faire avancer les bonnes pratiques de gouvernance. Plus récemment, M. Buffet a même supporté les indignés quand il a fait une sortie publique pour dénoncer les riches qui jouissent d’un faible taux d’imposition.

Toutefois, on retrouve aujourd’hui des d’investisseurs qui sont présentés comme « activistes », alors que leur principal intérêt est le gain, et ce, sans égard aux conséquences sur les entreprises à long terme. Le cas de Canadien Pacifique (CP) est intéressant en ce sens. M. Bill Ackman, président de Pershing Square Capital Management, représente le plus grand actionnaire de CP avec 14,2 % des actions. CP est important dans le paysage économique canadien (15 000 emplois, réseau de 55 000 km, accès aux communautés isolées, principal lien d’exportation de céréales, de la potasse et autres produits vers le monde). Depuis quelques semaines, M. Ackman exige le congédiement du PDG et des membres du conseil d’administration car il affirme pouvoir faire mieux qu’eux en introduisant une nouvelle équipe de direction. Cette équipe voudra procéder rapidement à des changements majeurs et on peut même présager que l’entreprise soit éventuellement vendue en pièces détachées. C’est une stratégie utilisée pour dégager des gains rapides lors d’une prise de contrôle ou d’une acquisition. C’est donc la pérennité de CP qui est en jeu.

Si c’est le cas, certains feront beaucoup d’argent, incluant les dirigeants, mais les parties prenantes dont les employés, les communautés locales et autres risquent de perdre gros. Selon moi, les gestionnaires de fonds comme M. Ackman ne devraient pas être présentés comme « activistes ». Ils font peu pour l’avancement des meilleures pratiques de gouvernance et pour la promotion de l’équité entre toutes les parties prenantes. Ce sont des investisseurs purs et durs.

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À propos du blogue "Leaders en action" :

Le blogue Leaders en action, animé par Monsieur Richard Joly, se veut un carnet d’échange sur les sujets d’actualité qui touchent la gouvernance d’entreprise et le leadership. M. Joly mène une carrière au sein de l’industrie du recrutement de cadres supérieurs. Président et fondateur de Leaders & Cie, il a su propulser l’entreprise pour en faire un chef de file des plus respecté dans son domaine pour ses études sur le capital humain. Il possède une vaste expérience à titre de consultant auprès des administrateurs de sociétés et de chefs de la direction. Il a dirigé plus de 350 mandats de recrutement de hauts dirigeants au cours des 14 dernières années. Expert en gouvernance d’entreprise, il s’intéresse de près à l’efficacité des conseils d’administration ainsi qu’au développement du capital humain.

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